Le fonds d'ouvrages numérisés de la BNF permet de consulter un bien curieux ouvrage dans lequel son auteur Simon FOUCHER (1644-1696) propose sa version très personnelle de la philosophie de Confucius. Il débute sa Lettre sur la morale de Confucius, philosophe de la Chine (Paris, Daniel Horthemels,1688, 29 p.) par un petit préambule dont voici un aperçu :
Monsieur, le présent que je vous fais ne saurait manquer de vous être agréable. Vous aimez les bonnes maximes de Morale : en voici des meilleures et des plus solides. Si le lieu d'où elles viennent les pouvait rendre plus considérables, elles le feraient à cause de son éloignement. Ce sont des Perles ou des Pierres précieuses de la Chine, et quelque chose de plus grand prix, parce qu'il n'y a rien de comparable aux trésors de la Sagesse. (-) Je pourrais dire la même chose à l'égard de leur Antiquité, si la vérité n'était de tout temps, et si on pouvait penser que ces Maximes, pour être plus anciennes en fussent aussi plus véritables et plus solides. Confucius de qui on les a tirées a vécu 500 ans avant la naissance temporelle de Jésus-Christ, et ce Sage Chinois disait les avoir reçues des Anciens comme par tradition, de sorte que l'on pourrait non seulement les rapporter à Noë (un de ses Fils s'étant établi dans l'Orient) mais encore aux Patriarches avant le Déluge, et enfin au premier homme, pour ne pas dire à Dieu même qui est le Père de toutes les lumières, Omne donum perfectum de sursum est descendens a Patre luminum. Cependant admirons la Providence divine qui a donné à toutes les Nations de la Terre, des enseignements et des Maîtres pour les conduire. (-) Nous en avons ici un témoignage bien assuré. On voit chez Confuicus comme un rayon ou une ombre du Christianisme, et aussi un abrégé de tout ce que les Philosophes avaient reconnu de plus solide en matière de Morale. Son Principe est que l'homme étant déchu de la perfection de la nature, se trouve corrompu par des passions et par des Préjugés ; de sorte qu'il est nécessaire de le rappeler à la droite raison, et de le renouveller. Ne semble-t-il pas que nous entendions St. Paul qui nous dit Renovamini spiritu mentis vestra et induite novum hominen, qui secundum Deum creatus est in justitia et sanctitate veritatis. Si la volonté de l'homme est bien réglée, dit notre Philosophe, il ne fera que de bonnes actions, et si son entendement est dans la rectitude qui lui convient, sa volonté ne manquera pas d'être bien réglée. (/) D'autre part, St paul dit que les hommes sont éloignés de la voie de Dieu par leur ignorance (-) ; il n'y aurait donc qu'une chose à faire, savoir, de porter notre esprit à la connaissance de la vérité ! (/) Au reste, Monsieur, ces enseignements ne sont pas seulement bons pour des gens de la Chine, mais je suis persuadé qu'il y a peu de Francais qui ne s'estimât fort sage et fort heureux, s'il les pouvait réduire en pratique. Vous en jugerez par vous-même, je vais les rapporter suivant l'ordre de ses Livres.
Les (-) indiquent des coupures qui touchent des sentences latines ; les coupes plus longues sont marquées par des (/).
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