"Rien n'est plus doux que la mélancolie", annonce Robert Burton (1577-1640) dans l'"Abrégé de la mélancolie" par lequel Gisèle Venet ouvre le choix de textes tirés et traduits de l'Anatomie de la mélancolie qui vient de paraître chez Gallimard dans la collection "Folio/Classique" (n° 4255, 2005, 463 pages). Enfin une Anatomie portable, à taille humaine, et tout terrain : en fait, l'ouvrage n'offre que 350 pages de textes fort bien annotés et pas moins de 100 pages d'appareil critique d'un grand intérêt. L'index des auteurs cités (p. 429-456) fait apparaître quelque 700 noms, dont Matteo Ricci pour (au moins) un passage qui se trouve page 121. Le passage sur Kepler dont il fut naguère question ici, est traduit page 229 : "Pour les planètes, il accorde qu'elles peuvent être habitées, mais il met en doute ce qui touche aux étoiles; de même Tycho Brahé, dans ses Epitres astronomiques, en considérant l'immensité de l'espace, tient des propos similaires, disant qu'il ne peut croire que des corps célestes aussi grands et vastes n'aient été faits que pour ce qu'ils apparaissent à nos yeux, pour illuminer la Terre, un point minuscule par rapport à l'ensemble. Mais qui devrait habiter ces corps, ces terres, ces mondes immenses, s'ils sont habités ? Des créatures douées de raison ? - demande Kepler - Ont-elles des âmes à sauver ? Ou habitent-elles un monde meilleur que le nôtre ? Qui, d'eux ou de nous, sont les seigneurs du monde ? Et comment toutes choses seraient faites pour l'homme ?" |
Une note indique que l'interrogation "Ont-elles des âmes à sauver ?" n'est pas de Kepler, mais correspond à une préoccupation de Burton lui-même. Quant à Tycho Brahé (1546-1601), on apprend page 454 qu'il s'agit d'un astronome danois auteur d'un livre intitulé Astronomiae instauratae mechanica (1598). |
Voici, pour conclure cette invitation à découvrir le livre qui remplit mes rares moments de repos, la quatrième de couverture de la présente édition :
Ce livre est la plus célèbre encyclopédie de la mélancolie : ce " mal anglais ", comme on l'appelle au XVIIe siècle, Robert Burton (1577-1640), savant d'Oxford, veut le soigner " à l'anglaise ", en évitant par-dessus tout l'oisiveté dont, en bon protestant, il fait la source de tous les maux. Des promenades dans la campagne, avec " l'épagneul de sa mélancolie " pour humer des pistes, et l'étude acharnée de tous les livres sur le sujet, travail d'une vie entière, dans la bibliothèque de Christ Church, " le plus florissant collège d'Europe ", seront la meilleure cure apportée à sa propre maladie, donnant lieu de surcroît à l'écriture proliférante, baroque, en méandres multiples, de son grand ouvrage.
Sans aucun doute plus intéressant que le prochain Goncourt, quelque soit le choix de la docte académie.
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