samedi 8 octobre 2005

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Selon le mexicain Gabriel Zaid (1934 - ) auteur de Los demasiados libros récemment traduit sous le titre Bien trop de livres ? Lire et publier à l’ère de l’abondance par Christine Defoin (Les Belles Lettres, 136 pp) et/ou Frédérique Roussel qui en propose un compte rendu dans le Libération du 6/10/2005.

si demain, on arrêtait la fabrication de livres, il faudrait 250 000 ans pour prendre connaissance de ceux déjà écrits.

Je ne sais pas si G. Zaid a ou non pris en considération la riche production chinoise à la disposition du lecteur sinisant et s’il a ou non inclus dans ses savants calculs ce que l’internet offre d’écrits inédits de toutes sortes (le livre sort en novembre). Il n’empêche qu’à raison de quatre ou cinq livres par semaines, il faut à celui qui tient ce régime somme toute soutenu, pas moins de cinq ans pour venir à bout d’un pauvre millier d’ouvrages, voire la moitié seulement s’il procède à la double lecture recommandée par Hérault de Séchelles (1759-1794) dans sa Théorie de l’Ambition (ou Codicille politique et pratique d’un jeune habitant d’Epône, 1788) :

Il faut lire lire toute espèce de livres de deux manières différentes. D’abord rapidement, soit pour saisir facilement l’intention et le plan, soit pour jouir des beautés du style. (Car on ne goûte pas plus les belles compositions en épluchant tous les mots qu’on ne jouit de la beauté d’une femme en l’analysant une loupe à la main.) Puis lentement, pour saisir les nuances, remarquer les défauts, et surpasser l’auteur.” (Chapitre 3, “Lecture”, XVIII)

Dans le même texte publié après sa mort en 1802, H. de S., qui fut proprement guillotiné le 5 avril 1794 en compagnie de Georges Jacques Danton, alors âgé comme lui d’à peine 35 ans, avait tout aussi pertinemment écrit :

Une preuve qu’il faut fixer sa vue sur un livre pour avoir droit de dire, je l’ai lu, c’est que de deux ou trois mille volumes qu’un lettré mobile peut avoir lus, il ne lui reste guère plus qu’à un marquis français des pays sur lesquels il a glissé en chaise poste.” (Chapitre 3, “Lecture”, XIII)

De cette mise en équation de la lecture surgissent une question brûlante "combien d’ouvrages pourrai-je encore lire avec profit ?", et une résolution "ne plus lire n’importe quoi !"

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