lundi 18 avril 2005

Un chant de Confucius

Dans ses Promenades littéraires (Paris : Mercure de France, 1904), Remy de Gourmont (1858-1915) fournit un portrait de Judith Gautier (1845-1917) dont voici le début :
Judith Gautier semble, avec Pierre Loti, représenter, dans la littérature française contemporaine, le goût de l'exotisme. A s'en tenir à ses romans, à ses poésies, à ses pièces de théâtre, elle serait plus volontiers chinoise que française ; et non seulement chinoise, mais japonaise aussi, ou persane, ou égyptienne. Son plus beau roman, le Dragon impérial, témoigne d'une connaissance parfaite de la littérature et des moeurs de la Chine, et le Livre de Jade a prouvé aux plus sceptiques que les mystères de la poésie chinoise lui étaient familiers. Non seulement elle lit le chinois, mais elle le parle ; elle l'écrit aussi, habile à manier le pinceau classique et à construire ces petites maisons baroques dont chacune représente pour le lettré un des mots de sa langue. Elle se promène à l'aise parmi ces hiéroglyphes effarants ; si elle emporte en voyage les oeuvres de quelque poète favori, ce sont celles de Ly-y-Hane ou de Li-Taï-Pé, imprimées sur papier d'écorce de mûrier. La Chine fait ses délices.

La même année, il a consacré à la fille du grand Théophile une plaquette de 34 pages intitulée Judith Gautier, biographie illustrée de portraits et d'autographes, suivie d'opinions, de documents et d'une bibliographie (Paris : Bibliothèque internationale d'édition, collection "Les Célébrités d'aujourd'hui", 1904). On y trouve le document reproduit ci-dessous présentant une photo de la belle Judith et un "Souvenir d'un chant de Confucius" de la main de l'auteur du Livre de jade (1867) qui vient de ressortir (Imprimerie nationale, collection "Salamandre") :

Aux temps heureux de Yao et de Chun, la licorne et le phénix s'aventuraient sur la terre. Pourquoi donc reviendraient-ils aujourd'hui où ces temps là ne sont plus ? O licorne ! O licorne ! que mon coeur est triste.


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