Dans ses Descriptions de la Chine par les Français (1650-1750) (Paris : Geutner, 1928), Ting Tchao-Ts'ing (?) consacre un court chapitre (le septième) à "La méthode d'études chinoises d'[Etienne] Fourmont [(1683-1745)]" citant des extraits de sa préface à ses Réflexions critiques sur les histoires des peuples (1735).
"Plus on y met d'assiduité, plus la difficulté même est grande ; plus en même temps on acquiert de connaissances, plus ces connaissances sont justes, exactes, réfléchies : avantage que n'ont jamais ni les voyageurs ou marchands qui ne séjournent en Chine que pour leur commerce, ni même ceux qui y vont pour l'Evangile, lorsqu'ils se contentent de la langue parlée, ou que, voulant savoir quelques caractères, ils les apprennent par routine et sans principe. Tels sont néanmoins la plupart ; si on les consulte sur la langue parlée des Chinois, ils la possèdent : exigez d'eux une connaissance grammaticale de cette même langue, exigez d'eux la connaissance des dictionnaires, des grammaires des Annales, etc., mais surtout l'art par lequel les docteurs chinois parviennent à la lecture et à l’intelligence des caractères, cette langue des yeux seuls, cette langue des premiers hommes aujourd'hui supérieure aux hiéroglyphes des Egyptiens, ils demeurent muets."
Après un bref commentaire dans lequel il assure que Fourmont est "le premier sinologue qui avait bien découvert le chemin qu'il fallait suivre pour arriver à une connaissance parfaite sur la Chine tout comme sur les Chinois", Ting fournit une liste des publications de Fourmont. Parmi elles ont en trouve une dont le titre est fort plaisant : "Sur les distinctions qu'il faut faire lorsqu'on parle de la langue chinoise, et que, fautes de les avoir faites, les auteurs qui en ont parlé, se sont la plupart trompés". On rêve d'une édition de ce document lu à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, mais resté inédit à ce jour.
Pourtant son oeuvre remarquable n'a pas échappé à tout le monde depuis les pages que lui consacra Ting Tchao-Ts'ing. Cecile Leung a publié en 2002 aux Presses de l'Université de Leuwen un ouvrage de 314 pages intitulé Etienne Fourmont (1683-1745). Oriental and Chinese Languages in Eighteenth-Century France.
Voici pour mémoire la présentation qu'en donne l'éditeur :
Fourmont was the first scholar in France to deal with Chinese matters. He started his career in the Academie des Inscriptions et Belles-Lettres as an Hebraist, but he left this discipline and turned to Chinese in 1711. At that time he met Arcadio Huang, a young French-speaking Chinese man in the Bibliotheque Nationale. Fourmont seized the opportunity to be introduced to Chinese. Huang taught him the pronunciation of the Chinese syllables, and quite particularly, he introduced him to the 214 radicals. Fourmont's first book on the Chinese language, the Meditationes Sinicae, came out in 1737. His second work, Linguae Sinarum Mandarinicae Hieroglyphae, in 1742. Both these works are analyzed in detail in the present monograph. The presentation of the Chinese language in these publications was based on the Latin Grammar. One of the most fascinating points of Fourmont's studies was the way he dealt with the Chinese radicals. In the dictionaries, the Chinese characters are arranged according to a number of simple characters that enter obligatorily into more complex characters. In the course of the centuries the number of radicals varied from 60 to 600, but since 1615 it was settled at 214. This system of 214 radicals, which Fourmont saw in the dictionaries of the Bibliotheque Nationale, and which Huang taught him, was known to very few scholars in Europe. Fourmont's greatest feat was having 80,000 fine Chinese characters engraved in Paris for his many proposed dictionaries. He must have visited his engravers each day for many years to inspect and correct their work. The 'petits chinois', as these engravings were called, are still on display today at the Imprimerie Nationale in Paris.
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