jeudi 22 septembre 2005

Confusedius


Voici une liste des transcriptions qu'ont reçu, d'une part, 孔子, maintenant transcrit Kongzi selon les règles du pinyin :

Coum-Tse
K'ong-tse
K'ong-tseu
K'ong-tzeu
Krong Tse

K'ung-Tse

et, d'autre part, 孔夫子 , dont le pinyin est Kongfuzi :

Cong-fou-tsé
Confucio
Confucius
Confusio
Confusius
Confutio
Confutius
Confutzée
Confuzio
Confuzo
Cumfuceio
Khoung-Fou-Tseu
Khoûng-tseu
Khoung Tzen
Konfuceo
Konfucijus
Konfusius
Konfutius
Konfutzii
Konfuzius
K'ong Fou tsé
K'ong-Fou-tse
K'ong fou-tse
K'ong fou-tseu
K'ong-fu-tseu
Kongfuzi
Kong fuzi
Krong Fu Tse
Kungfutse
K'ung Futse
K'ung Fu Tsu
K'ung Futzu
Konghucu

Le jeu consiste à retrouver la langue et/ou le (ou les) ouvrage(s) qui font usage de ces 6 + 33 différentes transcriptions. Il n'y a rien à gagner cette fois et, en plus, la liste risque de s'allonger (et oui, c'est déjà le cas grâce à Lin Yutang et à son traducteur). Un grand merci à celles et ceux qui ont déjà contribué à l'établir.

lundi 19 septembre 2005

Visages du Maître

26+3 portraits anciens et modernes de Kongzi et ... un intrus (à vous de trouver lequel : je sais, c'est dur). Mode d'emploi : cliquer sur la première image, ajuster la page, puis faire défiler les autres en cliquant sur 'next'.


1



2



3



4



5



6



7



8



9



10



11



11



13



14



15



16



17



18



19



20



21



22



23



24



25



26



27



28



29



30

jeudi 15 septembre 2005

Banc d'essai


Journée notable à plus d'un titre. En fait, au moins deux :

1. J'ai fini mon travail pour l'IAEU, ce qui ne veut pas dire que je me sens beaucoup plus léger car au moins deux échéances m'attendent dans la foulée .....

2. J'ai reçu aujourd'hui en avant-première la couverture de Galantes chroniques de Renardes Enjôleuses (traduction du Yaohu yanshi 妖狐艷史) qui va sortir bientôt aux Editions Philippe Picquier dans la collection "Le Pavillon des Corps Curieux" dirigée par Jacques Cotin.

Ma première réaction est la déception, car a. l'illustration que j'avais suggérée, il y a maintenant juste un an quand je rendais le manuscrit, n'a pas été retenue et b. celle qui a été choisie ne me plait pas vraiment !

Certes, il n'y a pas de quoi fouetter une renarde, mais pourquoi ne pas vous demander de juger sur pièce ?
Si vous voulez donner votre avis, voici comment vous y prendre : cliquer sur l'illustration à gauche pour la voir apparaître en plus grand, regarder attentivement ; la couverture retenue est à gauche, mon projet (avec un titre provisoire qui n'a pas résisté), à droite ; puis localisez, la commande 'Commentaire', juste au-dessous, là c'est ça, à gauche : un petit clic dessus et vous pouvez voter.

IAEU

IAEU est l'abréviation de Instituto de Altos Estudios Universitarios de Barcelona. C'est pour cet institut qui, si je comprends bien, collabore sur ce programme avec l'Universitad de Alcalà de Henares, Madrid, que j'ai passé l'été à rédiger les cours sur la littérature chinoise qui seront proposés via internet à leurs étudiants de Master Culture et société chinoises. Preuve de la grande efficacité de l'équipe qui le conduit, le site est déjà opérationnel avec une page d'accueil (reproduite ci-contre) d'une grande clarté et à travers laquelle un non-hispanisant peut s'orienter facilement.
On peut déjà y lire ce qui semble bien être la présentation du "Curso Literatura y Cine en China" rédigée pour l'occasion. Vraisemblablement, ils ont trouvé quelqu'un pour la période 1949-2005 que j'étais incapable et peu désireux de traiter.
Le programme complet déborde largement du cadre purement littéraire et offre des cours sur l'organisation juridique, politique et économique de la RPC et de Taiwan, l'histoire des arts, la philosophie et les religions, ainsi qu'un cours sur la société chinoise. Le tout est prévu pour l'année 2006. En effet, il faut traduire les textes des intervenants étrangers.
Un dernier mot sur ce sujet pour signaler à ceux que cela pourraient intéresser que l'équipe espagnole a toujours fait preuve d'un grand professionalisme et d'une rare chaleur humaine sensible même à travers les courriels échangés avec une grande régularité depuis la fin janvier 2005. Chapeau !

Tout aussi intéressant est le projet baptisé e-Textos qui désigne des "university e-Texts of AEU Programs where participates, among other institutions, the University of Alcala de Henares-Madrid, the University of Barcelona and the University of Leon. It's an Internet public access resource that publishes articles and conferences written exclusively by researchers and university professors. The main objective of this publication on line is to contribute to the difusion of knowledge generated in a university context."
Chacun des intervenants est libre de proposer des textes, inédits ou non, qui seront traduits en espagnol et mis en ligne à partir du portail dont la page d'accueil est reproduite ci-contre. Ayant déjà participé à la rédaction des cours sur la littérature chinoise ancienne, j'ai l'honneur d'avoir été sollicité. Que proposer ?

mercredi 14 septembre 2005

Fumer du feu

Ceux qui ont récemment visité le site de l'Université de Provence ont sans doute noté qu'elle lançait sa campagne "Une université sans tabac !" C'est ainsi qu'on peut y lire cette profession de foi : "L'Université de Provence sera désormais sans tabac à partir de la rentrée 2005. Une commission rassemblant des fumeurs et des non-fumeurs est chargée d'accompagner cette mesure." Ouf ! on va pouvoir respirer dans les couloirs.

La page consacrée à cette action fournit des adresses et des liens utiles pour aider les plus réticents à abandonner le tabac. N'étant pas doué pour les slogans - le seul que j'ai trouvé est sans doute assez mauvais ; je vous le livre tel quel : "Fumer tue, le tabac pue"), je vais m'associer à l'entreprise avec une autre arme.

Cette botte secrète qui devrait faire mouche - au moins sur les admirateurs du grand Honoré -, m'a été fournie par la Bibliothèque de Lisieux, rubrique "curiosa". On y trouve effectivement un texte d'Honoré de Balzac (1799-1850) intitulé Traité des excitants modernes (1838), lequel figure en appendice d'une édition de la Physiologie du goût de Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826) (Charpentier, 1838). Un coup d'oeil à cette édition permet de lire (p. 445-449) , le "préambule, très personnel, et entaché de la pestilentielle maladie connue sous le nom de l'ANNONCE" dans lequel Balzac donne des explications sur "cet appendice, audacieusement placé en matière de dessert, après un livre aimé". C'est ainsi qu'il nous apprend que son Traité des excitants modernes est un extrait de Pathologie de la vie à paraître, "oeuvre où fourmillent des théories et des traités sur toutes les vanités sociales qui nous affligent ou nous rendent heureux."

Le texte en question est, bien entendu, un régal et n'a pas besoin de commentaire : il faut le lire ab-so-lu-ment que l'on soit ou non fumeur. J'en cite juste le début, puis un fragment du passage sur le tabac. Mais ne manquez pas le reste et la suite :

LA QUESTION POSEE

L'absorption de cinq substances, découvertes depuis environ deux siècles et introduites dans l'économie humaine, a pris depuis quelques années des développements si excessifs, que les sociétés modernes peuvent s'en trouver modifiées d'une manière inappréciable.
Ces cinq substances sont :
1° L'eau-de-vie ou alcool, base de toutes les liqueurs, dont l'apparition date des dernières années du règne de Louis XIV, et qui furent inventées pour réchauffer les glaces de sa vieillesse.
2° Le sucre. Cette substance n'a envahi l'alimentation populaire que récemment, alors que l'industrie française a su la fabriquer en grandes quantités et la remettre à son ancien prix, lequel diminuera certes encore, malgré le fisc, qui la guette pour l'imposer.
3° Le thé, connu depuis une cinquantaine d'années.
4° Le café. Quoique anciennement découvert par les Arabes, l'Europe ne fit un grand usage de cet excitant que vers le milieu du dix-huitième siècle.
5° Le tabac, dont l'usage par la combustion n'est devenu général et excessif que depuis la paix en France.

Examinons d'abord la question, en nous plaçant au point de vue le plus élevé.
Une portion quelconque de la force humaine est appliquée à la satisfaction d'un besoin ; il en résulte cette sensation, variable selon les tempéraments et selon les climats, que nous appelons
plaisirs. Nos organes sont les ministres de nos plaisirs. Presque tous ont une destination double : ils appréhendent des substances, nous les incorporent, puis les restituent, en tout ou en partie, sous une forme quelconque, au réservoir commun, la terre, ou à l'atmosphère, l'arsenal dans lequel toutes les créatures puisent leur force néocréative. Ce peu de mots comprend la chimie de la vie humaine.
Les savants ne morderont point sur cette formule. Vous ne trouverez pas un sens, et par sens il faut entendre tout son appareil, qui n'obéisse à cette charte, en quelque région qu'il fasse ses évolutions. Tout excès se base sur un plaisir que l'homme veut répéter au delà des lois ordinaires promulguées par la nature. Moins la force humaine est occupée, plus elle tend à l'excès ; la pensée l'y porte irrésistiblement.

DU TABAC

Je n'ai pas gardé sans raison le tabac pour le dernier ; d'abord cet excès est le dernier venu, puis il triomphe de tous les autres.
La nature a mis des bornes à nos plaisirs. Dieu me garde de taxer ici les vertus militantes de l'amour, et d'effaroucher d'honorables susceptibilités ; mais il est extrêmement avéré qu'Hercule doit sa célébrité à son douzième travail, généralement regardé comme fabuleux, aujourd'hui que les femmes sont beaucoup plus tourmentées par les fumées des cigares que par le feu de l'amour. Pour le sucre, le dégoût arrive promptement chez tous les êtres, même chez les enfants. Quant aux liqueurs fortes, l'abus donne à peine deux ans d'existence ; celui du café procure des maladies qui ne permettent pas d'en continuer l'usage. Au contraire, l'homme croit pouvoir fumer indéfiniment. Erreur. Broussais, qui fumait beaucoup, était taillé en hercule ; il devait, sans excès de travail et de cigares, dépasser la centaine : il est mort dernièrement à la fleur de l'âge, relativement à sa construction cyclopéenne. Enfin un dandy tabacolâtre a eu le gosier gangréné, et, comme l'ablation a paru justement impossible, il est mort.
Il est inouï que Brillat-Savarin, en prenant pour titre de son ouvrage
Physiologie du Goût, et après avoir si bien démontré le rôle que jouent dans ses jouissances les fosses nasales et palatales, ait oublié le chapitre du tabac.
Le tabac se consomme aujourd'hui par la bouche après avoir été longtemps pris par le nez : il affecte les doubles organes merveilleusement constatés chez nous par Brillat-Savarin : le palais, ses adhérences, et les fosses nasales. Au temps où l'illustre professeur composa son livre, le tabac n'avait pas, à la vérité, envahi la société française dans toutes ses parties comme aujourd'hui. Depuis un siècle, il se prenait plus en poudre qu'en fumée, et maintenant le cigare infecte l'état social. On ne s'était jamais douté des jouissances que devait procurer l'état de cheminée.

Le tabac fumé cause en prime abord des vertiges sensibles ; il amène chez la plupart des néophytes une salivation excessive, et souvent des nausées qui produisent des vomissements. Malgré ces avis de la nature irritée, le tabacolâtre persiste, il s'habitue. Cet apprentissage dure quelquefois plusieurs mois. Le fumeur finit par vaincre à la façon de Mithridate, et il entre dans un paradis. De quel autre nom appeler les effets du tabac fumé ? Entre le pain et du tabac à fumer, le pauvre n'hésite point ; le jeune homme sans le sou qui use ses bottes sur l'asphalte des boulevards, et dont la maîtresse travaille nuit et jour, imite le pauvre ; le bandit de Corse que vous trouvez dans les rochers inaccessibles ou sur une plage que son oeil peut surveiller, vous offre de tuer votre ennemi pour une livre de tabac. Les hommes d'une immense portée avouent que les cigares les consolent des plus grandes adversités. Entre une femme adorée et le cigare, un dandy n'hésiterait pas plus à la quitter que le forçat à rester au bagne s'il devait y avoir du tabac à discrétion ! Quel pouvoir a donc ce plaisir que le roi des rois aurait payé de la moitié de son empire, et qui surtout est le plaisir des malheureux ? Ce plaisir, je le niais, et l'on me devait cet axiome : fumer un cigare, c'est fumer du feu.

Ci-contre le daguerréotype d'Honoré de Balzac réalisé en 1842 par Louis-Auguste Bisson.

mardi 13 septembre 2005

God, God, Godius

Il y aurait beaucoup à dire sur l'efficacité et les limites des moteurs de recherche sur internet. Pour aujourd'hui, je me contenterais de signaler une des dernières surprises procurées par Imperator Google qui, à l'interrogation saugrenue "Confucius Dieu", m'a directement dirigé vers un texte du Marquis de Sade (2 juin 1740-2 décembre 1814) mis à la disposition des lecteurs francophones par un site entièrement consacré au Marquis, site dont voici la profession de foi :

Ce site est consacré à la littérature et à l'œuvre de Sade. Il n'est nullement dans son esprit de répondre à un quelconque voyeurisme ou sensationalisme. Contrairement à d'autres sites qui ne proposent que des extraits choisis pour leur caractère graveleux, les textes sont ici présentés dans leur version intégrale, par respect pour l'auteur et son oeuvre. Ces textes sont avant tout destinés à des lecteurs adultes avertis qui en apprécieront le caractère littéraire, philosophique ou érotique. Cette littérature, longtemps combattue et censurée, a été réhabilitée par Guillaume Apollinaire et les surréalistes et a sa place de plein droit dans toute bibliothèque, même s'il s'agit du rayon du haut bien sûr. L'édition de référence, la bibliothèque de la Pléiade, consacre d'ailleurs trois volumes à Sade, dont les fameux romans La Nouvelle Justine et Histoire de Juliette. Dès lors, la présence sur Internet de l'oeuvre de cet éternel insoumis s'imposait.

Suit un catalogue comprenant une dizaine d'oeuvres de Sade dont le Dialogue entre un prêtre et un moribond de 1782. Voici les deux passages qui justifient le renvoi à ce court texte lu il y a des lustres et dont je possédais un tirage aux Editions Mille et une nuits (Paris, 1993) en attente d'une occasion de relecture du type 'temps court à tuer dans une salle d'attente' (les passages figurent respectivement page 14 et page 18) :

Le moribond : Pourquoi pas, rien ne m'amuse comme la preuve de l'excès où les hommes ont pu porter sur ce point-là le fanatisme et l'imbécillité; ce sont des espèces d'écarts si prodigieux, que le tableau selon moi, quoique horrible, en est toujours intéressant. Réponds avec franchise et surtout bannis l'égoïsme. Si j'étais assez faible que de me laisser surprendre à tes ridicules systèmes sur l'existence fabuleuse de l'être qui me rend la religion nécessaire, sous quelle forme me conseillerais-tu de lui offrir un culte? Voudrais-tu que j'adoptasse les rêveries de Confucius, plutôt que les absurdités de Brahma, adorerais-je le grand serpent des nègres, l'astre des Péruviens ou le dieu des armées de Moïse, à laquelle des sectes de Mahomet voudrais-tu que je me rendisse, ou quelle hérésie de chrétiens serait selon toi préférable? Prends garde à ta réponse. .../...

un peu plus tard, le moribond est encore bien loin d'avoir rendu son dernier souffle (du reste c'est lui qui aura le dernier mot) :

Le moribond : Va, prédicant tu l'outrages ton dieu en me le présentant de la sorte, laisse-moi le nier tout à fait, car s'il existe, alors je l'outrage bien moins par mon incrédulité que toi par tes blasphèmes. Reviens à la raison, prédicant, ton Jésus ne vaut pas mieux que Mahomet, Mahomet pas mieux que Moïse, et tous trois pas mieux que Confucius qui pourtant dicta quelques bons principes pendant que les trois autres déraisonnaient; mais en général tous ces gens-là ne sont que des imposteurs, dont le philosophe s'est moqué, que la canaille a crus et que la justice aurait dû faire pendre.

Avant de refermer le chapitre Sade, peu productif au demeurant, bien que fort revigorant !, on peut déjà aller jeter un coup d'oeil sur l'article consacré à l'écrivain par John Philips dans The Encyclopedia of Erotic Literature à paraître chez Routledge l'année prochaine.

Mais reprenons notre jeu en sollicitant Gooooogle cette fois avec la recherche croisée "Confucius God". Elle ne conduit plus à Sade et au Dialogue pourtant présent en anglais sur le net, mais (entre autres réponses, c'est-à-dire la 9ème des 659 000 proposées pour être précis) aux écrits d'un polygraphe à l'allure joviale d'un Freewheelin'Franklin (un des Freak Brothers de Gilbert Shelton (1940-) ) portant le nom de Sanderson Beck lequel livre au milieu d'une masse impressionnante d'écrits sur une multitude de sujets, une longue comparaison entre Confucius et .... Socrate (justement le document signalé par Google).
On notera au passage que Mr Beck signale dans sa biographie l'ouvrage de Lin Yutang, The Wisdom of Confucius, constatation qui me ramène à la dure réalité et m'invite à retourner au plus vite au travail. Mamamia !

Aller, juste une dernière googolerie pour finir : un des 20 100 liens proposés pour "Confucius Mahomet" conduit au site d'un libraire de Turin qui vend un ouvrage paru à Paris (Buisson) en 1787 et qu'aurait donc pu lire le divin Marquis dans sa cellule de la Bastille : Pastoret E.C.J.P. de, Zoroastre, Confucius et Mahomet, comparés comme Sectaires, Legislateurs et Moralistes; avec le Tableau de leurs Dogmes, de leurs Lois, de leur Morale. Sans aucun doute passionnant, mais un peu cher (230 €).

L'illustration ici présente, justement rencontrée à l'occasion de ces futiles déambulations webesques, est donnée pour l'œuvre d'un certain Li Wei San (China). Elle est sous-titrée "Confucius hearing Jesus talks about the Word" sur le site de l'Asian Christian Art Association basée en Indonésie (Yogyakarta). Surprenant, non ?