La page consacrée à cette action fournit des adresses et des liens utiles pour aider les plus réticents à abandonner le tabac. N'étant pas doué pour les slogans - le seul que j'ai trouvé est sans doute assez mauvais ; je vous le livre tel quel : "Fumer tue, le tabac pue"), je vais m'associer à l'entreprise avec une autre arme.
Cette botte secrète qui devrait faire mouche - au moins sur les admirateurs du grand Honoré -, m'a été fournie par la Bibliothèque de Lisieux, rubrique "curiosa". On y trouve effectivement un texte d'Honoré de Balzac (1799-1850) intitulé Traité des excitants modernes (1838), lequel figure en appendice d'une édition de la Physiologie du goût de Jean-Anthelme Brillat-Savarin (1755-1826) (Charpentier, 1838). Un coup d'oeil à cette édition permet de lire (p. 445-449) , le "préambule, très personnel, et entaché de la pestilentielle maladie connue sous le nom de l'ANNONCE" dans lequel Balzac donne des explications sur "cet appendice, audacieusement placé en matière de dessert, après un livre aimé". C'est ainsi qu'il nous apprend que son Traité des excitants modernes est un extrait de Pathologie de la vie à paraître, "oeuvre où fourmillent des théories et des traités sur toutes les vanités sociales qui nous affligent ou nous rendent heureux."
Le texte en question est, bien entendu, un régal et n'a pas besoin de commentaire : il faut le lire ab-so-lu-ment que l'on soit ou non fumeur. J'en cite juste le début, puis un fragment du passage sur le tabac. Mais ne manquez pas le reste et la suite :
Le tabac fumé cause en prime abord des vertiges sensibles ; il amène chez la plupart des néophytes une salivation excessive, et souvent des nausées qui produisent des vomissements. Malgré ces avis de la nature irritée, le tabacolâtre persiste, il s'habitue. Cet apprentissage dure quelquefois plusieurs mois. Le fumeur finit par vaincre à la façon de Mithridate, et il entre dans un paradis. De quel autre nom appeler les effets du tabac fumé ? Entre le pain et du tabac à fumer, le pauvre n'hésite point ; le jeune homme sans le sou qui use ses bottes sur l'asphalte des boulevards, et dont la maîtresse travaille nuit et jour, imite le pauvre ; le bandit de Corse que vous trouvez dans les rochers inaccessibles ou sur une plage que son oeil peut surveiller, vous offre de tuer votre ennemi pour une livre de tabac. Les hommes d'une immense portée avouent que les cigares les consolent des plus grandes adversités. Entre une femme adorée et le cigare, un dandy n'hésiterait pas plus à la quitter que le forçat à rester au bagne s'il devait y avoir du tabac à discrétion ! Quel pouvoir a donc ce plaisir que le roi des rois aurait payé de la moitié de son empire, et qui surtout est le plaisir des malheureux ? Ce plaisir, je le niais, et l'on me devait cet axiome : fumer un cigare, c'est fumer du feu.
Ci-contre le daguerréotype d'Honoré de Balzac réalisé en 1842 par Louis-Auguste Bisson.
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