N'est-il pas piquant de recevoir, le même jour, le livre d'Edward de Bono que j'ai cité ailleurs ("Pourquoi faire simple ...") et ce petit ouvrage que Rainier Lanselle a publié aux Editions érès, collection "essaim" pour le compte de la Revue de Psychanalyse ?
Pour ceux qui ne trouveraient aucun rapport entre les deux, je reproduis ici la quatrième de couverture du Sujet derrière la muraille :
Pour rendre compte d'elle-même, la civilisation chinoise a fait usage d'une langue écrite fortement codifiée et située très à l'écart de la langue naturelle. Le sujet, pris dans un tel langage, ne se dit pas, mais se trouve restitué selon un processus qui le retransforme en fonction de l'idéal dont ce code est porteur. A côté de cette langue, " classique ", une deuxième langue, " vulgaire ", a fini par prendre naissance, qui a visé, elle, à reproduire le langage parlé.
La tension entre ces deux modes jette indirectement une lumière sur les visées inconscientes de ce retravail de la réalité du sujet dont est porteuse l'entreprise idéographique : et s'il apparaissait qu'une déhiscence, qu'une fissure dans le système fermé place le sujet à l'abri de la muraille de la perfection reconstituée dans laquelle le code écrit rend compte de lui, mais dans le même temps le rend mutique ? Pris entre deux langages, le sujet ne s'est jamais dit, en Chine, comme sujet. Et pour cause : le système de langage dont il s'est doté a visé à le pourvoir en inviolabilité.
Il n'y a rien qui soit " autre ", dans la civilisation chinoise, ou du moins il ne devrait rien y avoir de tel pour la psychanalyse. Tout au contraire, la Chine doit son système linguistique et scripturaire unique au monde un riche patrimoine de métaphores, qu'il faut regarder comme autant de pierres de touche des processus de l'inconscient.
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