mercredi 11 octobre 2006

9781579584412

9781579584412 est l'ISBN de l'Encyclopedia of Erotic Literature, éditée par Gaëtan Brulotte et John Phillips qui vient de paraître chez Routledge (New York et Londres). Elle coûte pas moins de 289 € sur Amazon.fr, 321 € sur la version allemande du fameux site de vente par internet, 202 £ sur l'anglaise, 285 $ sur l'américaine, 47.123 Yen sur la japonaise et 277 CDN$ sur la canadienne.

L'ouvrage est publié en deux beaux et gros volumes : le volume 1 couvre les lettres A à K, soit d'Abélard and Héloïse au russe Mikhail Kuzmin (1872-1936) ; le volume 2, la fin de l'alphabet, soit de L. Erectus Mentulus (Lupton Allemong Wilkinson, c. 1900-1993) à notre bon Emile Zola (1840-1902). Chaque volume présente le même index de 203 pages et est précédé de 36 pages proposant une introduction, la liste des auteurs et celle des quelque 500 entrées (formatée en essais de 1000 à 8000 mots). Le texte présenté sur deux colonnes court sur 1468 pages.

La littérature chinoise y est traitée en 27 articles dont voici le détail (avec le cas échéant, une ou deux informations sur le contenu, ainsi que le nom de l'auteur de la notice) :

1/ Admirable Discourses of the Plain Girl : pp. 7-8. Le Sunü miaolun présenté par André Lévy (Université de Bordeaux) qui l'a traduit sous le titre Le sublime discours de la fille candide (Picquier, "Pavillon des corps curieux", 2000).
2/ Art of the Bedchamber Literature : pp. 78-83. Long article de Douglas Wile (Brooklyn College CUNY), auteur de Art of the bedchamber : The Chinese Sexual Yoga Classics (Albany, NY : SUNY, 1992) dont il fournit là une utile synthèse.
3/ Bai Xingjian : pp. 101-102. Frère du poète Bai Juyi, Bai Xingjian (?-826) est crédité par Douglas Wile du Tiandi yinyang jiaohuan dale fu [Prose Poem on the Supreme Joy of the Sexual Union of Yin and yang, Heaven and Earth].
4/ Ban Jieyu : pp. 108-109. Poètesse chinoise ayant vécu vers - 48 jusqu'à 8 av. J.-C., créditée de deux fu et dont l'œuvre est présentée par Claude Fouillade (New Mexico State University).
5/ Bi Yu Lou [The Jades Pavilion] : pp. 141-143. Le pavillon des jades (Picquier, "Le Pavillon des corps curieux", 2003) par son traducteur (PK, Université de Provence).
6/ Books of Odes [Shih-Ching] : pp. 153-154. Le Shijing par Olivia Milburn (University of London).
7/
Cao Xueqin (1715-1764) : pp. 200-201. L'auteur du Hongloumeng et son œuvre par Andrew Schonebaum (Barnard College).
8/ Collected Writings of Fragant Elegance
: pp. 267-271. Long article d'André Lévy sur la collection Xiangyan congshu élaborée par un certain Zhang Tinghua au début du XXe siècle.
9/ Deng Xixian : pp. 331-332. Le Zijin guangya da xian xiuzhen yanyi et son auteur - un "Chinese sexual alchemy writer" mort après 1594 -, présentés par A. Lévy.
10/ Dengcao heshang zhuan [The Candlewick Monk] : pp. 332-334. Le Moine mèche de lampe (Picquier, "Le Pavillon des corps curieux", 1998), par son traducteur (PK).
11/ Ge Hong (283-343) : pp. 527-528. Excellent article de Philippe Che (Université de Provence) sur l'auteur qu'il a déjà présenté et traduit en français (La voie des divins immortels, Gallimard, "Connaissance de l'Orient", 1999).
12/ Huang : pp. 647-648. Xia Tingshi (1316-1368), alias Huang à qui l'on doit le Qinglouji - anthologie de portraits de chanteuses/actrices -, présentés par A. Lévy.
13/ Jin Ping Mei [Plum in the Golden Vase] and Gelian Huaying [Flower Shadows behind the Curtain] : pp. 698-702. Article non signé (!) sur le meilleur des Quatre romans extraordinaires des Ming et sa suite.
14/ Jingu qiguan [The Oil Vendor Who Conquers the Queen of Beauty] : pp. 702-703. Présentation par A. Lévy de la fameuse anthologie de contes du XVIIe siècle et d'un de ses chefs-d'œuvre, avec une référence au conte qu'en a tiré Li Yu (1611-1680) et à la traduction que j'en ai donné sous le titre de "Reine de cupidité".
15/ Li Yu : pp. 809-813. Li Yu (1611-1680), ses contes, ses nouvelles et son roman, Rouputuan [Chair, tapis de prière], par votre serviteur (PK).
16/ Lü Dongbin : pp. 836-837. Lü Yan (755-805) pour le Chunyang yanzheng fuyou dijun jiji zhiming par A. Lévy.
17/ Lü T'ian-chêng : pp. 837-839. L'auteur, Lü Tiancheng (vers 1580 - vers 1620), et le roman Xiuta yeshi présentés par A. Lévy qui oublie de signaler que le roman a été traduit en français : Histoire hétérodoxe d'un lit brodé (Huang San, Lionel Epstein (trad.), Picquier, 1997).
18/ Mao Xiang (1611-1693) : pp. 857-858. D. Wile s'attache au Yingmei'an yiyu que M. Vallette-Hémery a rendu en français sous le titre de La Dame aux pruniers ombreux (Picquier, 1992)
19/ Sexual Alchemy Literature, Chinese : pp. 1208-1210. Douglas Wile, à nouveau.
20/ Shangqing Huangshu Guoduyi [Yellow Book Salvation Ritual of Highest Purity] : pp. 1218-1220. Douglas Wile, encore.
21/ Sun Wei (Xe s.) : pp. 1261-1262. Pour ses Shennü zhuan [Biographies of Goddesses], par A. Lévy.
22/ Szû-ma Hsiang-ju (mort en 117 av. J.-C.) : pp. 1270-1272. Le grand poète Sima Xianru par O. Milburn.
23/ Tang Yin (1424-1524) : pp. 1275-1276. Pour son Sengni niehai (Moines et nonnes dans l'océan des péchés, Picquier, 1992), présenté par A. Lévy.
24/ Yaohu yanshi [The Voluptuous History of Fox Demons] : pp. 1443-1444. Galantes chroniques de renardes enjôleuses (Picquier, "Le Pavillon des corps curieux", 2005), par PK.
25/ Zhang Zu (né en 657, mort en 730) : pp. 1457-1458. A. Lévy sur le Yu xianku [Visiting the Fairy Cave] attribué à Zhang.
26/ Zhaoyang qushi : pp. 1459-1460. Traduit en français sous le titre de Nuages et pluie au palais des Han (Kontler, trad., Picquier, 1990), il est présenté ici par Wu I-Hsien (Columbia University).
27/ Zhulin Yeshi [Unofficial History of the Bamboo Grove] : pp. 1460-1462. Traduit en français sous le titre de Belle de Candeur (C. Kontler (trad.), Picquier, 1990), ce roman est ici présenté par A. Schonebaum.

Un constat s'impose :

8 (ou 9 : l'article sur Jin Ping Mei ?- n° 13) signatures seulement qui se répartissent la charge de la manière suivante : A. Lévy, 10 entrées (n° 1, 8, 9, 12, 14, 16, 17, 21, 23 et 25) ! ; D. Wile, 5 (n° 2, 3, 18, 19 et 20) ; PK, 4 (n° 5, 10, 15 et 24) ; O. Milburn (n° 6 et 22) et A. Schonebaum (n° 7 et 27), 2 ; P. Che (n° 11), C. Fouillade (n° 4) et Wu I. (n° 26), une.
• surtout, l'ouvrage ne propose que 27 entrées seulement pour un corpus bien plus vaste dont l'inventaire serait à entreprendre.
• ce choix dépend du reste en grande partie de celui réalisé voici plus de 40 ans déjà par Robert H. van Gulik pour son incontournable Sexual Life in Ancient China: A Preliminary Survey of Chinese Sex and Society from ca. 1500 B.C. till 1644 A.D. (Leiden : E.J. Brill, 1961) [La vie sexuelle dans la Chine ancienne. (Louis Evrard, trad.) Paris : Gallimard, "Bibliothèque des histoires", 1971].

Beaucoup reste donc à faire en vue d'une hypothétique réédition augmentée de cette très riche encyclopédie qui réserve de bonnes surprises, et qui peut rendre de véritables services autant au chercheur qu'au simple curieux de la littérature érotique mondiale.

mercredi 27 septembre 2006

Officiel Kong

A quelques jours du 2557ème anniversaire de sa naissance, laquelle a été fixée arbitrairement au 28 sept. 551 av. J.-C., la Fondation Confucius de Chine (中国孔子基金会) a dévoilé à Qufu (Shandong) une statue de Confucius. Celle-ci a été présentée en grande pompe comme la "représentation de référence" en un mot la "statue officielle" du grand penseur (孔子标准像). La Fondation se défend de vouloir s'octroyer un monopole, mais assure vouloir contribuer à la diffusion de la pensée de Confucius, notamment à l'étranger, en fournissant une image unique et facilement reconnaissable du Maître. Les commentaires n'ont pas manqué de fuser (cf. notamment le dossier sur Sina.com). Cette initiative est naturellement diversement appréciée. Purement commerciale pour les uns, elle est jugée tout simplement ridicule par d'autres comme Ren Jiyu 任继愈. Certains ont même fait le rapprochement avec une représentation vieille de 1000 ans. A chacun de juger à partir de ce cliché. Ah ! si seulement, elle était en chocolat, tout le monde serait d'accord.

En bonus, voici un choix de photos prises très récemment au Kongzi miao 孔子庙 (Temple de Confucius) et au Guozijian 国子监 (Collège Impérial) de Pékin, lesquels sont en train de faire peau neuve pour les JO de 2008. >> ici <<

lundi 25 septembre 2006

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Quoi de plus rébarbatif en apparence que l'exploration d'une base de données bibliographiques ou la consultation d'un fichier de bibliothèque ? Pourtant ceux des grandes bibliothèques chinoises réservent toujours d'heureuses surprises : la présence d'un livre qu'on n'espérait plus trouver, la révélation d'ouvrages dont on ne connaissait pas même l'existence, et puis la localisation d'éditions rares jamais signalées dans les meilleurs index spécialisés.
Le fichier central de la Bibliothèque Nationale de Chine 中国国家图书馆 m'a fourni tout récemment tout cela et bien plus, savoir une occasion rare dans un lieu consacré à l'étude, d'éclater bruyamment de rire. La raison de cet écart aux règles en vigueur dans ce temple de la recherche, écart qui est du reste passé totalement inaperçu, se trouve sur la photo ci-contre. Ce cliché d'écran correspond à la recherche 'ouvrages en langues occidentales sur Li Yu'. Cette recherche ne donne curieusement qu'une seule fiche et laisse de côté une multitude d'ouvrages bien plus intéressants que celui-ci. Ainsi va la vie et les mystères des catalogues.

Il n'empêche que le plat de résistance pour moi (deux belles éditions du Shi'er lou 十 二樓) se trouvait non pas dans le déjà vieux bâtiment de la nouvelle BNC - lequel va faire peau neuve très prochainement -, mais dans l'ancien bâtiment de la Wenjin jie 文津街 à deux pas de Beihai 北海 au NO de la Cité interdite. L'endroit est propice à l'étude et conserve le charme - et les inconvénients - de ma première visite ... il y a 20 ans !

Trêve de propos oiseux, il me reste à mettre au clair une masse de notes prises à la volée qui, à elle seule, justifie pleinement d'avoir passé dix jours en terre chinoise.

Quelques photos de mon séjour dans la capitale sont visibles à partir d' ici.

vendredi 1 septembre 2006

63848720

63848720 est un des numéros de "Téléphones usuels" proposés par le Quotidien du Peuple online aux touristes qui visitent Pékin. C'est celui qui permet de contacter le service des 'Dénonciations'. Bien calé entre celui de l'agent de service de l'Hôtel de ville et celui de la Sécurité publique, il a de quoi intriguer, d'autant qu'il existe, par ailleurs, des numéros dédiés au Dépôt de plaintes !

Curieux de savoir si notre beau pays disposait d'un service identique, je suis rapidement tombé sur un site sans équivoque, Denonciation.com, "La dénonciation civique sans calomnie ni délation", et qui vise "les malfaisants de tous bords".
Il fournit même un formulaire en ligne bardé d'un mode d'emploi très précis. Celui-ci indique notamment qu'il faut "Entrez ici (fenêtre n° 19) le détail de la dénonciation. Vous disposez de 25000 caractères soit environ 5 pages de texte. Essayez d'être précis(e) et concis(e). N'oubliez pas qu'il faut absolument des preuves, des documents originaux ou certifiés conformes, des photos, des témoignages, etc."
Ce site dont le(s) maître(s) d'oeuvre avance(nt) masqué(s), comme Batman, offre aussi la possibilité de s'exprimer dans une rubrique "Sondages". L'un d'entre eux a pour thème "Le boycott éventuel de la Chine, quand nos gouvernements ne peuvent ou ne veulent pas nous défendre ?" Résultat des 79 votes exprimés à ce jour : OUI : 57 (72,2 %) - NON : 22 (27,8 %).

No comment !

mardi 29 août 2006

Simp vs Comp

"It is always much simpler to focus on the next step than to focus on the entire task." (Edward de Bono, Simplicity (Penguin, 1999) p. 253)

De Bono renforce cette formule fort pertinente par celle-ci : "A journey of a thousand miles starts with one step" qui fait penser à ce bout de Dao De jing 道德經 : 千里之行始於足下 (qian li zhi xing shi yu zu xia) que Roger Darrobers a traduit par "Un voyage de mille li commence à vos pieds" (Proverbes chinois, Le seuil, 1996, p. 123).

Voici de quoi faire ruminer les plus impatients jusqu'à la lecture de The Laws of Simplicity (Simplicity: Design, Technology, Business, Life) (MIT Press) de John Maeda :

This title presents ten laws of simplicity for business, technology, and design that teach us how to need less but get more. Finally, we are learning that simplicity equals sanity. We're rebelling against technology that's too complicated, against DVD players with too many menus, and software accompanied by 75-megabyte "read me" manuals. The iPod's clean gadgetry has made simplicity hip. But sometimes we find ourselves caught up in the simplicity paradox: we want something that's simple and easy to use - but also does all the complex things we might ever want it to do. In "The Laws of Simplicity", John Maeda offers guidelines, ten laws for balancing simplicity and complexity in business, technology, and design - for needing less and actually getting more. Maeda - a professor in MIT's Media Lab and a world-renowned graphic designer - explores the question of how we can redefine the notion of "improved" so that it doesn't always mean something more, something added on. Maeda's first law of simplicity is "Reduce." It's not necessarily beneficial to add technology features just because we can. And the features that we do have must be organized (Law 2) in a sensible hierarchy so users aren't distracted by features and functions they don't need. But simplicity is not less just for the sake of less. Skip ahead to Law 9: "Failure: Accept the fact that some things can never be made simple." Maeda's concise guide to simplicity in the digital age shows us how this idea can be a cornerstone of organizations and their products - how it can drive both business and technology. We can learn to simplify without sacrificing comfort and meaning, and we can achieve the balance described in Law 10. This law, which Maeda calls "The One," tells us: "Simplicity is about subtracting the obvious, and adding the meaningful."

John Maeda a créé pour l'occasion un nouveau blog : The Laws of Simplicity. Le 'Simplicity/complexity trend meter' du MaedaStudio, y a fait l'objet d'une mise à jour.

lundi 28 août 2006

Programme Confucius

Bien évidemment, la solution du jeu proposé dans 'RAB DE KONG' était l'illustration n° 11 qui montre, non pas un Confucius réinventé déguisé en costume cravate, mais le précédent Premier Ministre de la France en train de lire le dernier opus de son ami José Frèches !

C'est, en effet, dans cette posture majestueuse et l'air de circonstance que le plus grand ami actuel de la Chine de Hu Jintao et de Wen Jiabao livre son discours déjà bien rodé en faveur d'un partenariat équilibré de l'Europe avec la Chine et milite pour la mise en place d'un "programme Confucius" capable de "bâtir une alliance de stratégie, de projets et de méthodes". Si le cœur vous en dit vous pouvez prendre connaissance du message en écoutant l'homme providentiel sur RFI, en le regardant à partir de son Blog ou simplement en le lisant sur Chine-informations.com ou dans une version à peine plus digeste sur le site du Figaro. Les inconditionnels peuvent même télécharger un "Livret Chine", document pdf de 61 pages intitulé Une stratégie européenne pour la Chine.

En un mot "N'ayons pas peur de la Chine", JPR et ses 'amis' (parmi lesquels on trouve François Julien) ont la situation bien en main.

Le message est également relayé en Chine par le bien pensant Quotidien du Peuple en ligne et en français qui, dans sa rubrique "Horizon", reformule par deux fois le slogan : "Le monde ne doit pas craindre la Chine" et "Il ne faut pas craindre la Chine".

dimanche 27 août 2006

Rab de Kong

Onze représentations de Confucius pour compléter la précédente [voir 'VISAGES DU MAÎTRE' dans "Confusionisme"] avec, là encore, un intrus : à vous de le trouver -- des explications sur la raison de sa présense dans un avenir proche.


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mercredi 23 août 2006

Perles estivales (3)

"Perles estivales" - suite et peut-être fin, avec ce poème de Georg Trakl (1887-1914) découvert voici plus de vingt ans dans la version d'Anton Webern (1883-1945), opus 13, 4 (composée en 1918, revue en 1922) et qui me frappe toujours avec la même force :
Ein Winterabend

Wenn der Schnee ans Fenster fällt,
lang die Abendglocke laütet,
vielen ist der Tisch bereitet
und das haus ist wohl bestellt.

Mancher auf der Wanderschaft
kommt ans Tor auf dunklen Pfaden.
Golden blüht der Baum der Gnaden
aus der Erde kühlem Saft.

Wanderer tritt still herein ;
Schmerz versteinerte die Schwellen.
da erglänzt in reiner Helle
auf dem Tische Brot und Wein.



Il date de 1913. A la même date, Trakl confie à un de ses amis : "Je vis entre la fièvre et l'évanouissement, dans des chambres ensoleillées où il fait un froid indicible. Etranges frissons de métamorphose, ressentis dans mon corps à la limite du supportable, vision de ténèbres, avec la certitude d'être mort, extases jusqu'à une fixité de pierre ; et continuation de rêves trsites." ; "Ces derniers temps j'ai englouti une mer de vin, de schnaps et de bière." ; "Je me sens presque déjà de l'autre côté." [Traduction Marc Petit et Jean-Claude Schneider, Georg Trakl, Œuvres complètes, Paris : Gallimard, “Du monde entier”, 1972]. L'année suivante, Trakl, né le 3 février 1887, à Salzbourg, meurt d'une paralysie cardiaque due à l'absorption de cocaïne. Il avait vingt-sept ans.

Je ne sais s'il existe une traduction idéale de ce poème. En voici trois qui tombent d'accord sur le traduction du titre : “Un soir d’hiver

Quand tombe la neige contre la fenêtre/Et sonne longuement la cloche du soir,/Pour beaucoup la table est mise/Et la maison est bien pourvue.//Plus d’un, parti en voyage,/Arrive aux portes par d’obscurs chemins./L’arbre de la Grâce fleurit, d’or,/Nourri du suc frais de la terre.//Le voyageur entre en silence ;/La douleur a pétrifié le seuil./Alors s’allument dans une clarté pure/Sur la table pain et vin.

(Traduction Marc Petit et Jean-Claude Schneider, op. cit., p. 100).


Quand il neige à la fenêtre,/Que longuement sonne la cloche du soir,/Pour beaucoup la table est mise/Et la maison est bien pourvue.//Plus d'un qui est en voyage/Arrive à la porte sur d'obscurs sentiers./D'or fleurit l'arbre des grâces/Né de la terre et de sa sève fraîche.//Voyageur entre paisiblement ;/La douleur pétrifié le seuil./Là resplendit en clarté pure/Sur la table pain et vin.

Traduction François Fédier in Martin Heidegger, Acheminement vers la parole (traduction de Unterwegs zur Sprache (1959) par Jean Beaufret, Wolfgang Brokmeier, François Fédier). Paris : Gallimard, "Tel", n° 55 (1976) 1981: "La parole" ("Die Sprache", trad. F. Fédier, pp. 11-37), p. 37.


Lorsque la neige aux vitres frappe,/ Que l'angélus longuement sonne,/ La table est mise pour beaucoup/ Et la maison est bien garnie.// Maint compagnon en cours d'errance/ Arrive par d'obscurs chemins./ L'arbre de grâce a des fleurs d'or/ Puisées au suc frais de la terre.// Le voyageur entre en silence ;/ La douleur pétrifia le seuil./ Et l'on voit luire sur la table/ Clair et pur le pain et le vin.

Traduction de Jacques Legrand, in Georg Trakl, Poèmes majeurs. Paris : Aubier, "Domaine allemand" bilingue, 1993, p. 209 et Georg Trakl, Poèmes II (Poèmes majeurs). Paris : GF, (1993) 2001, p. 209.