"It is always much simpler to focus on the next step than to focus on the entire task." (Edward de Bono, Simplicity (Penguin, 1999) p. 253)
De Bono renforce cette formule fort pertinente par celle-ci : "A journey of a thousand miles starts with one step" qui fait penser à ce bout de Dao De jing 道德經 : 千里之行始於足下 (qian li zhi xing shi yu zu xia) que Roger Darrobers a traduit par "Un voyage de mille li commence à vos pieds" (Proverbes chinois, Le seuil, 1996, p. 123).
Voici de quoi faire ruminer les plus impatients jusqu'à la lecture de The Laws of Simplicity (Simplicity: Design, Technology, Business, Life) (MIT Press) de John Maeda :
This title presents ten laws of simplicity for business, technology, and design that teach us how to need less but get more. Finally, we are learning that simplicity equals sanity. We're rebelling against technology that's too complicated, against DVD players with too many menus, and software accompanied by 75-megabyte "read me" manuals. The iPod's clean gadgetry has made simplicity hip. But sometimes we find ourselves caught up in the simplicity paradox: we want something that's simple and easy to use - but also does all the complex things we might ever want it to do. In "The Laws of Simplicity", John Maeda offers guidelines, ten laws for balancing simplicity and complexity in business, technology, and design - for needing less and actually getting more. Maeda - a professor in MIT's Media Lab and a world-renowned graphic designer - explores the question of how we can redefine the notion of "improved" so that it doesn't always mean something more, something added on. Maeda's first law of simplicity is "Reduce." It's not necessarily beneficial to add technology features just because we can. And the features that we do have must be organized (Law 2) in a sensible hierarchy so users aren't distracted by features and functions they don't need. But simplicity is not less just for the sake of less. Skip ahead to Law 9: "Failure: Accept the fact that some things can never be made simple." Maeda's concise guide to simplicity in the digital age shows us how this idea can be a cornerstone of organizations and their products - how it can drive both business and technology. We can learn to simplify without sacrificing comfort and meaning, and we can achieve the balance described in Law 10. This law, which Maeda calls "The One," tells us: "Simplicity is about subtracting the obvious, and adding the meaningful."
John Maeda a créé pour l'occasion un nouveau blog : The Laws of Simplicity. Le 'Simplicity/complexity trend meter' du MaedaStudio, y a fait l'objet d'une mise à jour.
mardi 29 août 2006
lundi 28 août 2006
Programme Confucius
Bien évidemment, la solution du jeu proposé dans 'RAB DE KONG' était l'illustration n° 11 qui montre, non pas un Confucius réinventé déguisé en costume cravate, mais le précédent Premier Ministre de la France en train de lire le dernier opus de son ami José Frèches !
C'est, en effet, dans cette posture majestueuse et l'air de circonstance que le plus grand ami actuel de la Chine de Hu Jintao et de Wen Jiabao livre son discours déjà bien rodé en faveur d'un partenariat équilibré de l'Europe avec la Chine et milite pour la mise en place d'un "programme Confucius" capable de "bâtir une alliance de stratégie, de projets et de méthodes". Si le cœur vous en dit vous pouvez prendre connaissance du message en écoutant l'homme providentiel sur RFI, en le regardant à partir de son Blog ou simplement en le lisant sur Chine-informations.com ou dans une version à peine plus digeste sur le site du Figaro. Les inconditionnels peuvent même télécharger un "Livret Chine", document pdf de 61 pages intitulé Une stratégie européenne pour la Chine.
En un mot "N'ayons pas peur de la Chine", JPR et ses 'amis' (parmi lesquels on trouve François Julien) ont la situation bien en main.
Le message est également relayé en Chine par le bien pensant Quotidien du Peuple en ligne et en français qui, dans sa rubrique "Horizon", reformule par deux fois le slogan : "Le monde ne doit pas craindre la Chine" et "Il ne faut pas craindre la Chine".
C'est, en effet, dans cette posture majestueuse et l'air de circonstance que le plus grand ami actuel de la Chine de Hu Jintao et de Wen Jiabao livre son discours déjà bien rodé en faveur d'un partenariat équilibré de l'Europe avec la Chine et milite pour la mise en place d'un "programme Confucius" capable de "bâtir une alliance de stratégie, de projets et de méthodes". Si le cœur vous en dit vous pouvez prendre connaissance du message en écoutant l'homme providentiel sur RFI, en le regardant à partir de son Blog ou simplement en le lisant sur Chine-informations.com ou dans une version à peine plus digeste sur le site du Figaro. Les inconditionnels peuvent même télécharger un "Livret Chine", document pdf de 61 pages intitulé Une stratégie européenne pour la Chine.
En un mot "N'ayons pas peur de la Chine", JPR et ses 'amis' (parmi lesquels on trouve François Julien) ont la situation bien en main.
Le message est également relayé en Chine par le bien pensant Quotidien du Peuple en ligne et en français qui, dans sa rubrique "Horizon", reformule par deux fois le slogan : "Le monde ne doit pas craindre la Chine" et "Il ne faut pas craindre la Chine".
dimanche 27 août 2006
Rab de Kong
mercredi 23 août 2006
Perles estivales (3)
"Perles estivales" - suite et peut-être fin, avec ce poème de Georg Trakl (1887-1914) découvert voici plus de vingt ans dans la version d'Anton Webern (1883-1945), opus 13, 4 (composée en 1918, revue en 1922) et qui me frappe toujours avec la même force :
Je ne sais s'il existe une traduction idéale de ce poème. En voici trois qui tombent d'accord sur le traduction du titre : “Un soir d’hiver”
Quand tombe la neige contre la fenêtre/Et sonne longuement la cloche du soir,/Pour beaucoup la table est mise/Et la maison est bien pourvue.//Plus d’un, parti en voyage,/Arrive aux portes par d’obscurs chemins./L’arbre de la Grâce fleurit, d’or,/Nourri du suc frais de la terre.//Le voyageur entre en silence ;/La douleur a pétrifié le seuil./Alors s’allument dans une clarté pure/Sur la table pain et vin.
(Traduction Marc Petit et Jean-Claude Schneider, op. cit., p. 100).
Quand il neige à la fenêtre,/Que longuement sonne la cloche du soir,/Pour beaucoup la table est mise/Et la maison est bien pourvue.//Plus d'un qui est en voyage/Arrive à la porte sur d'obscurs sentiers./D'or fleurit l'arbre des grâces/Né de la terre et de sa sève fraîche.//Voyageur entre paisiblement ;/La douleur pétrifié le seuil./Là resplendit en clarté pure/Sur la table pain et vin.
Traduction François Fédier in Martin Heidegger, Acheminement vers la parole (traduction de Unterwegs zur Sprache (1959) par Jean Beaufret, Wolfgang Brokmeier, François Fédier). Paris : Gallimard, "Tel", n° 55 (1976) 1981: "La parole" ("Die Sprache", trad. F. Fédier, pp. 11-37), p. 37.
Lorsque la neige aux vitres frappe,/ Que l'angélus longuement sonne,/ La table est mise pour beaucoup/ Et la maison est bien garnie.// Maint compagnon en cours d'errance/ Arrive par d'obscurs chemins./ L'arbre de grâce a des fleurs d'or/ Puisées au suc frais de la terre.// Le voyageur entre en silence ;/ La douleur pétrifia le seuil./ Et l'on voit luire sur la table/ Clair et pur le pain et le vin.
Traduction de Jacques Legrand, in Georg Trakl, Poèmes majeurs. Paris : Aubier, "Domaine allemand" bilingue, 1993, p. 209 et Georg Trakl, Poèmes II (Poèmes majeurs). Paris : GF, (1993) 2001, p. 209.
Je ne sais s'il existe une traduction idéale de ce poème. En voici trois qui tombent d'accord sur le traduction du titre : “Un soir d’hiver”
Quand tombe la neige contre la fenêtre/Et sonne longuement la cloche du soir,/Pour beaucoup la table est mise/Et la maison est bien pourvue.//Plus d’un, parti en voyage,/Arrive aux portes par d’obscurs chemins./L’arbre de la Grâce fleurit, d’or,/Nourri du suc frais de la terre.//Le voyageur entre en silence ;/La douleur a pétrifié le seuil./Alors s’allument dans une clarté pure/Sur la table pain et vin.
(Traduction Marc Petit et Jean-Claude Schneider, op. cit., p. 100).
Quand il neige à la fenêtre,/Que longuement sonne la cloche du soir,/Pour beaucoup la table est mise/Et la maison est bien pourvue.//Plus d'un qui est en voyage/Arrive à la porte sur d'obscurs sentiers./D'or fleurit l'arbre des grâces/Né de la terre et de sa sève fraîche.//Voyageur entre paisiblement ;/La douleur pétrifié le seuil./Là resplendit en clarté pure/Sur la table pain et vin.
Traduction François Fédier in Martin Heidegger, Acheminement vers la parole (traduction de Unterwegs zur Sprache (1959) par Jean Beaufret, Wolfgang Brokmeier, François Fédier). Paris : Gallimard, "Tel", n° 55 (1976) 1981: "La parole" ("Die Sprache", trad. F. Fédier, pp. 11-37), p. 37.
Lorsque la neige aux vitres frappe,/ Que l'angélus longuement sonne,/ La table est mise pour beaucoup/ Et la maison est bien garnie.// Maint compagnon en cours d'errance/ Arrive par d'obscurs chemins./ L'arbre de grâce a des fleurs d'or/ Puisées au suc frais de la terre.// Le voyageur entre en silence ;/ La douleur pétrifia le seuil./ Et l'on voit luire sur la table/ Clair et pur le pain et le vin.
Traduction de Jacques Legrand, in Georg Trakl, Poèmes majeurs. Paris : Aubier, "Domaine allemand" bilingue, 1993, p. 209 et Georg Trakl, Poèmes II (Poèmes majeurs). Paris : GF, (1993) 2001, p. 209.
mardi 22 août 2006
Perles estivales (2)
Dans ses Façons d'endormi, façons d'éveillé (Gallimard, 1969, pp. 113-117), Henri Michaux (24 mai 1899 - 18 octobre 1984) livre "Quelques rêves, quelques remarques" dont ces "Examens en Chine" :
Je suis en Chine ; arrivé d'un pays voisin, plutôt par erreur. On me donne d'entrée de quoi écrire pour suivre avec d'autres déjà bien avancés, une classe de chinois. Pas commode à tracer les caractères, ni à distinguer les uns des autres, ni à retenir. J'en trace un certain nombre, commettant beaucoup de fautes. Sans autrement broncher, de temps à autres les maîtres se penchent sur ma copie, la copie qui va décider de tout. L'épreuve continue et je confonds toujours certains caractères.
Or il y a 700 caractères qui signifient "mérite la mort".
Ailleurs, dans Idéogrammes en Chine (Fata Morgana, 1975), il écrit :
"Toute langue est un univers parallèle. Aucune avec plus de beauté que le chinois."
Je suis en Chine ; arrivé d'un pays voisin, plutôt par erreur. On me donne d'entrée de quoi écrire pour suivre avec d'autres déjà bien avancés, une classe de chinois. Pas commode à tracer les caractères, ni à distinguer les uns des autres, ni à retenir. J'en trace un certain nombre, commettant beaucoup de fautes. Sans autrement broncher, de temps à autres les maîtres se penchent sur ma copie, la copie qui va décider de tout. L'épreuve continue et je confonds toujours certains caractères.
Or il y a 700 caractères qui signifient "mérite la mort".
Ailleurs, dans Idéogrammes en Chine (Fata Morgana, 1975), il écrit :
"Toute langue est un univers parallèle. Aucune avec plus de beauté que le chinois."
lundi 21 août 2006
Perles estivales (1)
Pour mon retour en bloggomanie, voici des bribes de (re-)lectures estivales et d'abord deux jolies perles tirées des Bijoux indiscrets (1748) de Denis Diderot (1713-1784) [dans Diderot, Œuvres. André Billy (ed.). Gallimard, "La Pléiade", 1951 ou >>ici<< ] Qui ne connaît le prétexte de ce "roman frivole où s'agitent des questions graves" (dixit G. H. Lessing, Dramaturgie de Hambourg, 1767-69) et que Diderot renia : le sultan Mangogul reçoit du génie Cucufa un anneau dont il suffit de tourner le chaton pour que la dame en présence confesse, par l'intermédiaire de son sexe - son "bijou", ses secrets les plus intimes.
Finalement, c'est seulement avec le vingt-sixième essai de l'anneau (Chapitre XLVII) que Diderot décrit plus crûment les ébats de ses personnages. Comble de l'ironie, il fait parler le bijou polyglotte de Cypria successivement en anglais pour ses aventures londoniennes, en latin pour les épisodes allemand et autrichien, en italien pour ses frasques romaines, pour finir "sur un ton moitié congeois et moitié espagnol" et conclut ainsi :
"L'auteur africain finit ce chapitre par un avertissement aux dames qui pourraient être tentées de se faire traduire les endroits où le bijou de Cypria s'est exprimé dans des langues étrangères.
« J'aurais manqué, dit-il, au devoir de l'historien, en les supprimant ; et au respect que j'ai pour le sexe, en les conservant dans mon ouvrage, sans prévenir les dames vertueuses, que le bijou de Cypria s'était excessivement gâté le ton dans ses voyages ; et que ses récits sont infiniment plus libres qu'aucune des lectures clandestines qu'elles aient jamais faites. »"
Au chapitre XXXI, l'essai de la bague sur la jument du sultan produit un charabia que Mangogul fait consigner, puis trente de faire traduire .... "Le prince en fit distribuer sur-le-champ des copies à tous ses interprètes et professeurs en langues étrangères, tant anciennes que modernes. L'un dit que c'était une scène de quelque vieille tragédie grecque qui lui paraissait fort touchante ; un autre parvint, à force de tête, à découvrir que c'était un fragment important de la théologie des Égyptiens ; celui-ci prétendait que c'était l'exorde de l'oraison funèbre d'Annibal en carthaginois ; celui-là assura que la pièce était écrite en chinois, et que c'était une prière fort dévote à Confucius. Tandis que les érudits impatientaient le sultan avec leurs savantes conjectures, il se rappela les Voyages de Gulliver, et ne douta point qu'un homme qui avait séjourné aussi longtemps que cet Anglais dans une île où les chevaux ont un gouvernement, des lois, des rois, des dieux, des prêtres, une religion, des temples et des autels, et qui paraissait si parfaitement instruit de leurs moeurs et de leurs coutumes ; n'eût une intelligence parfaite de leur langue. En effet Gulliver lut et interpréta tout courant le discours de la jument malgré les fautes d'écriture dont il fourmillait. C'est même la seule bonne traduction qu'on ait dans tout le Congo. Mangogul apprit, à sa propre satisfaction et à l'honneur de son système, que c'était un abrégé historique des amours d'un vieux pacha à trois queues avec une petite jument, qui avait été saillie par une multitude innombrable de baudets, avant lui ; anecdote singulière, mais dont la vérité n'était ignorée, ni du sultan, ni d'aucun autre, à la cour, à Banza et dans le reste de l'empire." (p. 113. ou >>x<< ) Plus loin (chap. XLII, p. 163), Diderot livre par la bouche de Bloculocus une réflexion définitive sur la traduction : "Il n'est pas nécessaire d'entendre une langue pour la traduire, puisque l'on ne traduit que pour des gens qui ne l'entendent point." |
Pour lire tout (ou presque tout) Diderot sans sortir de chez soi, les Œuvres complètes telles qu'elles furent établies en 1875 (Garnier frères) sont accessibles en ligne sur le site de la BNF avec des accès rapides à partir d'une table fort pratique. Les Bijoux indiscrets figurent au Tome 4 (pp. 130-378) précédés d'une "Note préliminaire" [pp. 133-138] fort instructive qui commence par cette mise en garde : "Voici un livre qui a été bien discuté, et qui, nous le comprenons de reste, n'a pas le droit d'être publié autrement que dans une collection d'œuvres complètes, où il est comme noyé et trouve immédiatement son correctif." |
Finalement, c'est seulement avec le vingt-sixième essai de l'anneau (Chapitre XLVII) que Diderot décrit plus crûment les ébats de ses personnages. Comble de l'ironie, il fait parler le bijou polyglotte de Cypria successivement en anglais pour ses aventures londoniennes, en latin pour les épisodes allemand et autrichien, en italien pour ses frasques romaines, pour finir "sur un ton moitié congeois et moitié espagnol" et conclut ainsi :
"L'auteur africain finit ce chapitre par un avertissement aux dames qui pourraient être tentées de se faire traduire les endroits où le bijou de Cypria s'est exprimé dans des langues étrangères.
« J'aurais manqué, dit-il, au devoir de l'historien, en les supprimant ; et au respect que j'ai pour le sexe, en les conservant dans mon ouvrage, sans prévenir les dames vertueuses, que le bijou de Cypria s'était excessivement gâté le ton dans ses voyages ; et que ses récits sont infiniment plus libres qu'aucune des lectures clandestines qu'elles aient jamais faites. »"
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