“Une définition de la littérature est toujours une préférence (un préjugé) érigée en universel.”
“Le terme littérature a donc une extension plus ou moins vaste suivant les auteurs, des classiques scolaires à la bande dessinée, et sa dilatation contemporaine est difficile à justifier. Le critère de valeur qui y inclut tel texte, c’est-à-dire qui en exclut tel autre, n’est pas en lui-même littéraire, ni théorique, mais éthique, social et idéologique, en tout cas extra-littéraire.” (p. 36).
“Mais si la littérature peut être vue comme contribution à l’idéologie dominante, “appareil idéologique d’Etat” ou même propagande, à l’inverse on peut aussi insister sur sa fonction subversive, surtout depuis le milieu du XIXe siècle et la vogue de la figure de l’artiste maudit. (...) La littérature confirme un consensus, mais elle produit aussi de la dissension, du nouveau, de la rupture.” (p. 38-39).
Certes, elles n'ont pas la puissance de celles des pages 61-64 du Leys - pour l'occasion, il fait appel à Jean Pauhlan (1884-1968) (2x), Gilbert Keith Chesterton (1874-1936), Joseph Conrad (1857-1924), Gustave Flaubert (1821-1880), Clive Staples Lewis (1898-1963) -, mais elles n'ont pas trouvé de place ailleurs. Elles me seront - je suppose - utiles un jour. De la "Littérature" au "Livre" il n'y a qu'un pas. Page 65, du même livre justement, on peut lire cette remarque d'Arthur Schopenhauer (1788-1860) (cf. illustration) : "Acheter des livres serait une bonne chose si l'on pouvait simultanément acheter le temps de les lire. Mais de façon générale on confond l'achat d'un livre avec l'appropriation de son contenu". |
Petit complément de 4 décembre.
Quelques 'bons mots' d' Arthur S., qui avait placé une phrase de Chamfort en exergue à son "Introduction" à ses Aphorismes sur la sagesse dans la vie : “Le bonheur n’est pas chose aisée, il est très difficile de le trouver en nous, et impossible de le trouver ailleurs.” On la retrouve également chez Leys (p. 20)
Les citations suivantes proviennent du chapitre VI, “De la différence des âges de la vie” de ces Aphorismes (PUF, “Quadrige/Grands textes”, Cantacuzène, J.-A. (trad), (1943) 2004) :
“Pendant l’enfance la vie se présente comme un décor de théâtre vu de loin ; pendant la vieillesse, comme le même, vu de près.” (157)
“On peut aussi (...) comparer la vie à une étoffe brodée dont chacun ne verrait, dans la première moitié de son existence, que l’endroit, et, dans la seconde, que l’envers ; ce dernier côté est moins beau, mais plus instructif, car il permet de reconnaître l’enchaînement des fils.” (160)
“Considérée du point de vue de la jeunesse, la vie est un avenir infiniment long ; de celui de la vieillesse, un passé très court.” (161)
Encore plus drôle sur la même page : “Dans l’âge avancé, chaque jour de la vie qui s’écoule produit en nous le sentiment qu’éprouve un condamné à chaque pas qui le rapproche de l’échafaud.” (161)
“La vie humaine, à proprement parler, ne peut être dite ni longue ni courte, au fond, elle est l’échelle avec laquelle nous mesurons toutes les autres longueurs du temps.” (172)
“La différence fondamentale entre la jeunesse et la vieillesse reste toujours celle-ci : que la première a la vie, la seconde la mort en perspective ; que, par conséquent, l’une possède un passé court avec un long avenir, et l’autre l’inverse. Sans doute, le vieillard n’a plus que la mort devant soi ; mais le jeune a la vie ; et il s’agit maintenant de savoir laquelle des deux perspectives offre le plus d’inconvénients, et si, à tout prendre, la vie n’est pas préférable à avoir derrière que devant soi.” (172)
Piquant, non ? On trouvera un lot de 33 citations du même auteur et du même acabit >> ici . Ne pas manquer de passer par l'accueil du site de Gilles G. Jobin, 'Au fil de mes lectures', qui contient actuellement 15 207 citations de plus de 495 auteurs !
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