dimanche 30 mai 2010

Bennett or not Bennett



John Godolphin Bennett (8 Juin 1897– 13 Décembre 1974)

samedi 29 mai 2010

Mieux vaut en rire


La citation du jour :
« Faut-il répondre par une espèce de question préalable que voudraient sans doute malicieusement soulever certains professeurs jurés sérieux, charlatans de la gravité, cadavres pédantesques sortis des froids hypogées de l'Institut, et revenus sur la terre des vivants, comme certains fantômes avares, pour arracher quelques sous à de complaisants ministères ? »
Charles Beaudelaire, De l'essence du rire. (1855)
[Paris, Edition Sillage, 2009, p. 7]

samedi 30 janvier 2010

Mambo Manchu


Hasard de la distribution postale, ou signe du destin ? Je reçois justement le matin de mon cinquantième anniversaire, ce troisième volume des aventures de Nayland Smith et du redoutable Docteur Fu Manchu : Les Mystères du Si Fan (Zulma), dans la nouvelle traduction d'Anne-Sylvie Homassel. La journée s'annonce bien : lecture plaisante sur un air de Mambo -- le bonheur parfait ! Merci ASH !

mardi 12 janvier 2010

Le fond du ciel à minuit

'Ah," said Barris, rousing himself with an effort and raising his sunken eyes, "I am using the allegories of another land; let it pass. Have I not told you of the Kuen-Yuin? Yian is the centre of the Kuen-Yuin. It lies hidden in that gigantic shadow called China, vague and vast as the midnight Heavens,—a continent unknown, impenetrable."

"Impenetrable," repeated Pierpont below his breath. [-]

«... - Ah ! dit Barris, se reprenant avec peine et relevant ses yeux égarés, j'emploie les allégories d'un autre pays. Ne vous ai-je pas parlé des Kuen-Yuin ? Yian est le centre des Kuen-Yuin. Elle s'étend au fin fond de cette gigantesque et ténébreuse contrée, la Chine, continent inconnu, impénétrable, aussi mystérieux et aussi vaste que le fond du ciel à minuit.
- Oui, impénétrable, répéta Pierpont à mi-voix.
.... »

Robert W. Chambers (1865-1933),
Yue Laou. Le Faiseur de lunes.
Cadillon, Le Visage Vert, 2009, p. 56.


jeudi 8 octobre 2009

Jusqu'au 8/10, vraiment ?

本站正在系统维护,欢迎您10月8日回来 !
Běn zhàn zhèngzài xìtǒng wéihù, huānyíng nín 10 yuè 8 rì huílai!
Notre site est actuellement en révision de sécurité,
nous vous accueillerons à nouveau à partir du 8 octobre !

Tel est le message que la censure chinoise offre sous des illustrations de circonstance - celle qu'offre les célébrations du 60ème anniversaire de la fondation de la RPC -, à ceux qui veulent visiter en ce moment certains sites proposant des textes érotiques de la littérature chinoise des siècles passés. Il me faudra donc attendre pour retrouver les bonnes versions de ces œuvres marquantes, et notamment celle mise en ligne par OMIGAR du Rouputuan 肉蒲團 qui sera le sujet d'attraction d'un atelier de traduction que je vais (gracieusement) tenir le dimanche 8 novembre entre 9 h (!) et 10h30 (Espace Van Gogh) dans le cadre des 26e Assises de la traduction littéraires en Arles (ATLAS). J'ai jeté mon dévolu sur un passage du chapitre 14 auquel Li Yu 李漁 avait donné le commentaire suivant :
En achevant de lire ce chapitre, vous reprocherez peut-être à son auteur sa partialité en arguant que son système d’évaluation des rétributions manque par trop de consistance, et vous penserez que, si de son côté Weiyangsheng, en tant que coureur de jupons, mérite pleinement de se voir rétribué par l’octroi d’une épouse dévergondée, Tiefei daoren, homme vertueux, ne mérite pas, quant à lui, une fille qui prend la poudre d’escampette. Car enfin, si le Maître du Ciel [Tiangong 天公] veut nous détourner du vice, il tient sûrement à nous inciter au bien. Pour ma part, je m’inscrirai résolument en faux contre ce jugement et défendrai que ce genre de rétribution démontre précisément la clairvoyance du Souverain Céleste. Et voilà pourquoi : durant toute sa vie, Tiefei daoren n’a eu un seul ami, n’a pas fait la moindre rencontre - ce qui est faire preuve d’une misanthropie pour le moins excessive. Mais, pire encore, il s’est révélé d’une intransigeante pingrerie, laquelle s’est manifestée par des actes d’une extrême bassesse, comme lorsqu’il n’accordait à ceux qui louaient ses terrains en friche qu’une seule année de gratuité du loyer alors que la coutume dicte d’en offrir trois, ou encore lorsqu’il accablait son monde de tâches ménagères sans même offrir la moindre rétribution. Comment, après tout cela, pourrait-il être soustrait à toute rétribution des actes ?
Un solitaire atrabilaire aura une descendance vouée à péricliter. Porté à son extrême, ce genre de comportement ne mène qu’à des actes d’une nature dénuée de tout sentiment humain et, à la fin, cet excès de misanthropie conduit celui qui s’y livre à contrarier l’harmonie céleste et le condamne à la déchéance. Voilà une matière à laquelle tout ceux qui se conduisent en homme de bien [junzizhe 君子者] se doivent de prêter attention. Maintenant, si l’auteur punissait le vice avec une trop grande indulgence, quel profit en tirerait les gens ?
Depuis toujours, bien lire consiste à considérer les choses sous tous les aspects et non à partir d’un point de vue unique. Cette sorte d’écrit ne déroge pas à la règle [從來看書之法要看四面不可看一面此纇是也]. [PK (trad.), in Jacques Dars, Chan Hingho, Comment lire un roman chinois. Arles : Picquier, 2001, pp. 193-194].
Le plus piquant dans cette affaire de censure ciblée et, je l'espère, momentanée, c'est que les services chargés de la mettre en œuvre ont retenus trois illustrations et non une. Voici, ci-dessous, les deux autres.


Dernière minute (13/10/09, 23:19) : Tout est bien qui finit bien et la promesse est tenue. Les sites bloqués pendant les festivités du 60ème anniversaire sont à nouveau accessibles. La preuve, ici !

samedi 5 septembre 2009

Le P.K. d'A.B.

« Je vous suis très-reconnaissant de la peine que vous prenez de m'introduire en France et de me présenter à ces Français délicats, faits pour les salons, dans mon costume plus que négligé. Il faut pour cela une fameuse dose de courage ; aussi je vous remercie bien respectueusement, et vous prie de continuer à vous occuper de moi qui reste Votre tout dévoué. »
Ainsi s'exprimait Albert Bitzius, depuis Lützelflüh, le 29 mai 1854, soit quelque cinq mois avant sa mort, pour remercier son traducteur de la peine prise pour rendre dans notre langue un de ses romans qui, dixit Max. Buchon l'auteur d'un long préambule biographique signé en 1858, « ont rendu cette belle contrée de l'Emmenthal aussi familière au monde lisant de l'Allemagne que l'Oberland peut l'être aux voyageurs. »
Ce roman - un des 25 volumes produits en l'espace de 17 années de création d'un fils de pasteur né en 1797 qui ne commença à écrire que peu avant d'avoir atteint la quarantaine -, est Joies et souffrances d'un maître d'école. Leiden und Freuden eines Schulmeisters date des années 1838-1839.

Toujours selon la même source intarissable, le destin de son personnage toucha tant son public qu' « Un bon curé catholique des petits cantons avait été si naïvement apitoyé de la détresse de ce pauvre [homme] maître d'école à Gytiwyl, qu'il lui adressa, par la poste, une petite somme prélevée sur son modeste budget, sans se douter qu'il n'avait à faire qu'à un nom et à un village imaginaires. Pour bonne raison, la lettre resta sans emploi à la poste de Berne, jusqu'à ce que Bitzius, informé du fait, allât se la faire délivrer. »

Mis à part cette anecdote piquante, l'ouvrage a retenu mon attention pour la simple raison que ce personnage attendrissant et, décidément fort pitoyable, porte un nom qui m'est très cher ; en fait, c'est sa transcription retenue pour lui par l'auteur d'un compte rendu paru en 1864 dans la Revue Britannique [Revue internationale. Choix d'articles extraits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne et de l'Amérique complété par des articles originaux sous la direction de M. Amédée Pichot. Année 1864 - Nouvelle série décennale. Tome cinquième. Bruxelles], qui me touche.

En effet, la deuxième partie de cette présentation qui s'attache à l'auteur sous son nom de plume, Jérémie Gotthelf, est intitulé : « Pierre Kaser » et commence ainsi :

« En 1851, Gotthelf fit paraître Joies et Souffrances d'un maître d'école. Le plan de ce roman est simple, les incidents sont peu nombreux, et pourtant l'intérêt ne se ralentit jamais. L'effort individuel, la responsabilité individuelle, sont les principes sur lesquels Gotthelf fonda sa philosophie pratique et dont il expose le résultat dans l'histoire du malheureux Pierre Kaser. Il ne veut pas entendre parler de l'homme qui reste les bras croisés et la bouche ouverte, attendant que les alouettes y tombent toutes rôties. Un de ses textes favoris est le travail ! Le travail ! C'est le sel de la terre ! ».

D'aucuns diraient que c'est mon portrait tout craché !

La suite de cet article non signé peine à donner envie de lire ce roman (et les douze autres de Bitzius). Elle offre, qui plus est, un nouveau nom au personnage sensé retenir mon attention qui devient ainsi « Peter Kaser ». La consultation de la traduction et de sa notice liminaire en donne même d'autres : « Peter Kæser, maître d'école à Gytiwyl » qui, nous explique une note, est un jeu de mot qui pourrait être rendu par « Avariceville » (p. 28). Le roman commence ainsi : « Je m'appelle Péter Kœser, je suis maître d'école, et le 31 juillet 1836, j'étais couché dans mon lit, bien affligé. » (p. 61)

La version allemande, disponible comme les autres documents consultés sur Google Books, inviterait, je crois, plutôt à transcrire de la manière suivante : Pierre Käser.

Or donc, toute ressemblance avec moi est donc totalement infondée ; encore que ....