Pour l'instant, le Bardadrac de Gérard Genette (Le Seuil, "Fiction & Cie", 2006) est pour moi le livre idéal. Il l'est autant par sa forme - celle d'un dictionnaire, sorte de "puzzle d'objets - épiphanies contingentes, idées bonnes ou mauvaises, souvenirs vrais et faux, partis pris esthétiques, rêveries géographiques, citations clandestines ou apocryphes, maximes et caractères, apartés, boutades et digressions" (p. 7) -, que par le fond, tour à tour touchant, drôle, instructif, profond. Le style est toujours aussi prenant. Merveilleusement bien écrit, mais toujours proche de l'oralité - il faut le lire avec le son de la voix de Genette dans l'oreille [se rendre ici, pour entendre une de ses conférences : "Peut-on aimer un genre ?"].
Bref ce libre est ... extra. Rien d'étonnant de la part de l'auteur de Palimpsestes (1982), Seuils (1987), mes titres préférés d'une longue liste d'écrits qui occupent une place importante dans ma formation littéraire.
On peut prendre Bardadrac par n'importe quel bout, dans n'importe quel ordre, le laisser de côté aussi longtemps qu'on y est contraint, et le reprendre au hasard : à chaque fois, c'est une délicieuse surprise comme, page 76, au début de cette article intitulé Colloque :
Succession réglée de soliloques, bizarrement baptisés "communications", en principe relatifs à un sujet commun, prétexte flasque à toutes digressions.
Il y a aussi ces deux excroissances - dictionnaire à l'intérieur d'un dictionnaire - Médialecte (pp. 220-274) qui d'Abnégation à Zigue donne une liste de mots du "dialecte propre au médias au sens large (presse écrite, radio, télévision, Internet), avatar récent du français, dont il reflète et accélère une évolution parfois fâcheuse" et Mots-chimères (pp. 287-297) déjà évoqué ici.
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