Il y a dans l’Introduction à l’étude de la stratégie littéraire que livra en 1912 Fernand Divoire (1883-1951) beaucoup d’éléments obsolètes et de références qui tombent à plat parce qu’une bonne part des auteurs qu’il persifle et pourfend ont plongé comme lui dans l’oubli. Il n’empêche que ce court texte (à peine plus de 100 pages) mérite encore d’être lu par ceux qui s’intéressent au monde des lettres, ce que montre bien la postface (Francesco Viriat, “Physiologie de l’homme de lettres”) de la récente réédition de ce texte aux Mille et une nuits (2005). Elle reprend du reste ce passage qui donne bien une idée de la vigueur de l’attaque contre les mœurs littéraires et ses acteurs :
“Il faut avoir le courage de le dire : le talent est un luxe agréable, mais complètement inutile à la carrière de l’homme de lettres. Pour un romancier qui veut être acheté, rien ne vaut la médiocrité. Aurea mediocritas, la médiocrité qui apporte de l’or.” (p. 53)
Mais qu’importe le décalage, en lisant les 26 rubriques de cette Stratégie caustique, on aura chacun des noms à ajouter à la liste de ceux visés par cette “satire des mœurs littéraires” d’hier mais aussi d’aujourd’hui. On pense évidemment à N. B., S. S., A. N. [le jeu est de retrouver qui se cache derrière ces initiales] mais pourquoi ne pas inclure dans la liste quelques vrai(e)s auteur(e)s chinois(es) ?
Que dire de Muzi Mei 木子美à laquelle Danwei, l’excellent site d’observation des média, de la publicité et de la vie urbaine en Chine, consacra un ‘post’ le 23/12 qui fournit le lien vers ses ‘podcasts’, sa 木的工作室.
Elle sait sans doute d’intuition ce que Divoire faisait mine de professer aux jeunes écrivains de son temps “ennemi[s] des efforts inutiles, qu’un seul livre, si l’on sait en tirer parti, peut suffire à toute une carrière littéraire.”