
vendredi 1 janvier 2010
jeudi 8 octobre 2009
Jusqu'au 8/10, vraiment ?
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nous vous accueillerons à nouveau à partir du 8 octobre !
En achevant de lire ce chapitre, vous reprocherez peut-être à son auteur sa partialité en arguant que son système d’évaluation des rétributions manque par trop de consistance, et vous penserez que, si de son côté Weiyangsheng, en tant que coureur de jupons, mérite pleinement de se voir rétribué par l’octroi d’une épouse dévergondée, Tiefei daoren, homme vertueux, ne mérite pas, quant à lui, une fille qui prend la poudre d’escampette. Car enfin, si le Maître du Ciel [Tiangong 天公] veut nous détourner du vice, il tient sûrement à nous inciter au bien. Pour ma part, je m’inscrirai résolument en faux contre ce jugement et défendrai que ce genre de rétribution démontre précisément la clairvoyance du Souverain Céleste. Et voilà pourquoi : durant toute sa vie, Tiefei daoren n’a eu un seul ami, n’a pas fait la moindre rencontre - ce qui est faire preuve d’une misanthropie pour le moins excessive. Mais, pire encore, il s’est révélé d’une intransigeante pingrerie, laquelle s’est manifestée par des actes d’une extrême bassesse, comme lorsqu’il n’accordait à ceux qui louaient ses terrains en friche qu’une seule année de gratuité du loyer alors que la coutume dicte d’en offrir trois, ou encore lorsqu’il accablait son monde de tâches ménagères sans même offrir la moindre rétribution. Comment, après tout cela, pourrait-il être soustrait à toute rétribution des actes ?Le plus piquant dans cette affaire de censure ciblée et, je l'espère, momentanée, c'est que les services chargés de la mettre en œuvre ont retenus trois illustrations et non une. Voici, ci-dessous, les deux autres.
Un solitaire atrabilaire aura une descendance vouée à péricliter. Porté à son extrême, ce genre de comportement ne mène qu’à des actes d’une nature dénuée de tout sentiment humain et, à la fin, cet excès de misanthropie conduit celui qui s’y livre à contrarier l’harmonie céleste et le condamne à la déchéance. Voilà une matière à laquelle tout ceux qui se conduisent en homme de bien [junzizhe 君子者] se doivent de prêter attention. Maintenant, si l’auteur punissait le vice avec une trop grande indulgence, quel profit en tirerait les gens ?
Depuis toujours, bien lire consiste à considérer les choses sous tous les aspects et non à partir d’un point de vue unique. Cette sorte d’écrit ne déroge pas à la règle [從來看書之法要看四面不可看一面此纇是也]. [PK (trad.), in Jacques Dars, Chan Hingho, Comment lire un roman chinois. Arles : Picquier, 2001, pp. 193-194].

Dernière minute (13/10/09, 23:19) : Tout est bien qui finit bien et la promesse est tenue. Les sites bloqués pendant les festivités du 60ème anniversaire sont à nouveau accessibles. La preuve, ici !
samedi 5 septembre 2009
Le P.K. d'A.B.
« Je vous suis très-reconnaissant de la peine que vous prenez de m'introduire en France et de me présenter à ces Français délicats, faits pour les salons, dans mon costume plus que négligé. Il faut pour cela une fameuse dose de courage ; aussi je vous remercie bien respectueusement, et vous prie de continuer à vous occuper de moi qui reste Votre tout dévoué. »

Toujours selon la même source intarissable, le destin de son personnage toucha tant son public qu' « Un bon curé catholique des petits cantons avait été si naïvement apitoyé de la détresse de ce pauvre [homme] maître d'école à Gytiwyl, qu'il lui adressa, par la poste, une petite somme prélevée sur son modeste budget, sans se douter qu'il n'avait à faire qu'à un nom et à un village imaginaires. Pour bonne raison, la lettre resta sans emploi à la poste de Berne, jusqu'à ce que Bitzius, informé du fait, allât se la faire délivrer. »
Mis à part cette anecdote piquante, l'ouvrage a retenu mon attention pour la simple raison que ce personnage attendrissant et, décidément fort pitoyable, porte un nom qui m'est très cher ; en fait, c'est sa transcription retenue pour lui par l'auteur d'un compte rendu paru en 1864 dans la Revue Britannique [Revue internationale. Choix d'articles extraits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne et de l'Amérique complété par des articles originaux sous la direction de M. Amédée Pichot. Année 1864 - Nouvelle série décennale. Tome cinquième. Bruxelles], qui me touche.
En effet, la deuxième partie de cette présentation qui s'attache à l'auteur sous son nom de plume, Jérémie Gotthelf, est intitulé : « Pierre Kaser » et commence ainsi :
« En 1851, Gotthelf fit paraître Joies et Souffrances d'un maître d'école. Le plan de ce roman est simple, les incidents sont peu nombreux, et pourtant l'intérêt ne se ralentit jamais. L'effort individuel, la responsabilité individuelle, sont les principes sur lesquels Gotthelf fonda sa philosophie pratique et dont il expose le résultat dans l'histoire du malheureux Pierre Kaser. Il ne veut pas entendre parler de l'homme qui reste les bras croisés et la bouche ouverte, attendant que les alouettes y tombent toutes rôties. Un de ses textes favoris est le travail ! Le travail ! C'est le sel de la terre ! ».
D'aucuns diraient que c'est mon portrait tout craché !
La suite de cet article non signé peine à donner envie de lire ce roman (et les douze autres de Bitzius). Elle offre, qui plus est, un nouveau nom au personnage sensé retenir mon attention qui devient ainsi « Peter Kaser ». La consultation de la traduction et de sa notice liminaire en donne même d'autres : « Peter Kæser, maître d'école à Gytiwyl » qui, nous explique une note, est un jeu de mot qui pourrait être rendu par « Avariceville » (p. 28). Le roman commence ainsi : « Je m'appelle Péter Kœser, je suis maître d'école, et le 31 juillet 1836, j'étais couché dans mon lit, bien affligé. » (p. 61)
La version allemande, disponible comme les autres documents consultés sur Google Books, inviterait, je crois, plutôt à transcrire de la manière suivante : Pierre Käser.
Or donc, toute ressemblance avec moi est donc totalement infondée ; encore que ....
mardi 4 août 2009
Aux Charmettes
Je ne finirais pas ces détails si je voulais suivre toutes les routes par lesquelles, durant mon apprentissage, je passai de la sublimité de l'héroïsme à la bassesse d'un vaurien. Cependant en prenant les vices de mon état, il me fut impossible d'en prendre tout à fait les goûts. Je m'ennuyais des amusements de mes camarades ; et quand la trop grande gêne m'eut aussi rebuté du travail, je m'ennuyai de tout. Cela me rendit le goût de la lecture, que j'avais perdu depuis longtemps. Ces lectures, prises sur mon travail, devinrent un nouveau crime qui m'attira de nouveaux châtiments. Ce goût irrité par la contrainte devint passion, bientôt fureur. La Tribu, fameuse loueuse de livres, m'en fournissait de toute espèce. Bons et mauvais, tout passait; je ne choisissais point: je lisais tout avec une égale avidité. Je lisais à l'établi, je lisais en allant faire mes messages, je lisais à la garde-robe, et m'y oubliais des heures entières ; la tête me tournait de la lecture, je ne faisais plus que lire. Mon maître m'épiait, me surprenait, me battait, me prenait mes livres. Que de volumes furent déchirés, brûlés, jetés par les fenêtres ! que d'ouvrages restèrent dépareillés chez la Tribu ! Quand je n'avais plus de quoi la payer, je lui donnais mes chemises, mes cravates, mes hardes ; mes trois sous d'étrennes tous les dimanches lui étaient régulièrement portés.
Voilà donc, me dira-t-on, l'argent devenu nécessaire. Il est vrai, mais ce fut quand la lecture m'eut ôté toute activité. Livré tout entier à mon nouveau goût, je ne faisais plus que lire, je ne volais plus. C'est encore ici une de mes différences caractéristiques. Au fort d'une certaine habitude d'être, un rien me distrait, me change, m'attache, enfin me passionne: et alors tout est oublié ; je ne songe plus qu'au nouvel objet qui m'occupe. Le coeur me battait d'impatience de feuilleter le nouveau livre que j'avais dans la poche ; je le tirais aussitôt que j'étais seul, et ne songeais plus à fouiller le cabinet de mon maître. J'ai même peine à croire que j'eusse volé, quand même j'aurais eu des passions plus coûteuses. Borné au moment présent, il n'était pas dans mon tour d'esprit de m'arranger ainsi pour l'avenir. La Tribu me faisait crédit : les avances étaient petites; et quand j'avais empoché mon livre, je ne songeais plus à rien. L'argent qui me venait naturellement passait de même à cette femme ; et quand elle devenait pressante, rien n'était plus tôt sous ma main que mes propres effets. Voler par avance était trop de prévoyance, et voler pour payer n'était pas même une tentation.
A force de querelles, de coups, de lectures dérobées et mal choisies, mon humeur devint taciturne, sauvage; ma tête commençait à s'altérer, et je vivais en vrai loup-garou. Cependant si mon goût ne me préserva pas des livres plats et fades, mon bonheur me préserva des livres obscènes et licencieux : non que la Tribu, femme à tous égards très accommodante, se fît un scrupule de m'en prêter ; mais, pour les faire valoir, elle me les nommait avec un air de mystère qui me forçait précisément à les refuser, tant par dégoût que par honte; et le hasard seconda si bien mon humeur pudique, que j'avais plus de trente ans avant que j'eusse jeté les yeux sur aucun de ces dangereux livres qu'une belle dame de par le monde trouve incommodes, en ce qu'on ne peut, dit-elle, les lire que d'une main.
vendredi 12 juin 2009
Yuan Mei dans Le Visage Vert 16
que je vais m'empresser de découvrir en commençant par ...
.... par « L'écorché vivant » de Jules Lermina, avant d'attaquer le dossier Sorcellerie et littérature allemande (pp. 103-191), pour finir par tout le reste : un bon week-end en perspective. Merci à toute l'équipe du Visage Vert, pour ce superbe cadeau.