« Je vous suis très-reconnaissant de la peine que vous prenez de m'introduire en France et de me présenter à ces Français délicats, faits pour les salons, dans mon costume plus que négligé. Il faut pour cela une fameuse dose de courage ; aussi je vous remercie bien respectueusement, et vous prie de continuer à vous occuper de moi qui reste Votre tout dévoué. »
Ce roman - un des 25 volumes produits en l'espace de 17 années de création d'un fils de pasteur né en 1797 qui ne commença à écrire que peu avant d'avoir atteint la quarantaine -, est Joies et souffrances d'un maître d'école. Leiden und Freuden eines Schulmeisters date des années 1838-1839.
Toujours selon la même source intarissable, le destin de son personnage toucha tant son public qu' « Un bon curé catholique des petits cantons avait été si naïvement apitoyé de la détresse de ce pauvre [homme] maître d'école à Gytiwyl, qu'il lui adressa, par la poste, une petite somme prélevée sur son modeste budget, sans se douter qu'il n'avait à faire qu'à un nom et à un village imaginaires. Pour bonne raison, la lettre resta sans emploi à la poste de Berne, jusqu'à ce que Bitzius, informé du fait, allât se la faire délivrer. »
Mis à part cette anecdote piquante, l'ouvrage a retenu mon attention pour la simple raison que ce personnage attendrissant et, décidément fort pitoyable, porte un nom qui m'est très cher ; en fait, c'est sa transcription retenue pour lui par l'auteur d'un compte rendu paru en 1864 dans la Revue Britannique [Revue internationale. Choix d'articles extraits des meilleurs écrits périodiques de la Grande-Bretagne et de l'Amérique complété par des articles originaux sous la direction de M. Amédée Pichot. Année 1864 - Nouvelle série décennale. Tome cinquième. Bruxelles], qui me touche.
En effet, la deuxième partie de cette présentation qui s'attache à l'auteur sous son nom de plume, Jérémie Gotthelf, est intitulé : « Pierre Kaser » et commence ainsi :
« En 1851, Gotthelf fit paraître Joies et Souffrances d'un maître d'école. Le plan de ce roman est simple, les incidents sont peu nombreux, et pourtant l'intérêt ne se ralentit jamais. L'effort individuel, la responsabilité individuelle, sont les principes sur lesquels Gotthelf fonda sa philosophie pratique et dont il expose le résultat dans l'histoire du malheureux Pierre Kaser. Il ne veut pas entendre parler de l'homme qui reste les bras croisés et la bouche ouverte, attendant que les alouettes y tombent toutes rôties. Un de ses textes favoris est le travail ! Le travail ! C'est le sel de la terre ! ».
D'aucuns diraient que c'est mon portrait tout craché !
La suite de cet article non signé peine à donner envie de lire ce roman (et les douze autres de Bitzius). Elle offre, qui plus est, un nouveau nom au personnage sensé retenir mon attention qui devient ainsi « Peter Kaser ». La consultation de la traduction et de sa notice liminaire en donne même d'autres : « Peter Kæser, maître d'école à Gytiwyl » qui, nous explique une note, est un jeu de mot qui pourrait être rendu par « Avariceville » (p. 28). Le roman commence ainsi : « Je m'appelle Péter Kœser, je suis maître d'école, et le 31 juillet 1836, j'étais couché dans mon lit, bien affligé. » (p. 61)
La version allemande, disponible comme les autres documents consultés sur Google Books, inviterait, je crois, plutôt à transcrire de la manière suivante : Pierre Käser.
Or donc, toute ressemblance avec moi est donc totalement infondée ; encore que ....
1 commentaire:
Très drôle !
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